La fin des États pontificaux en 1870 a-t-elle entraîné des répercussions dans le catholicisme français ? Cette question est abordée dans l’ouvrage d’Arthur Hérisson, Pour le pape-roi, les catholiques français et l’unification italienne (1856-1871), publié par l’École française de Rome. L’un des grands mérites de cette étude consiste à opérer, à propos de l’unification italienne, un déplacement de focale. Jusqu’ici, cette période a été principalement investie à travers les rapports Église-États, avec tout le cortège des archives diplomatiques, des études sur la mobilisation de la nonciature et des prises de position des notables, religieux et laïcs. En renouvelant le sujet, l’auteur s’intéresse plus largement à la mobilisation des « catholiques d’en bas », fidèles bien sûr, mais aussi bas et moyen clergés. La presse, comme vecteur d’accélération d’une prise de conscience romaine, est également étudiée ainsi que les grandes collectes visant à soutenir Rome. Tout une partie est aussi consacrée à la mobilisation armée des zouaves pontificaux et de la Légion d’Antibes. L’ouvrage est évidemment trop riche pour être résumé en quelques lignes. L’auteur tire en fin d’étude plusieurs conclusions. Sur la capacité de mobilisation de l’Église, sur l’organisation décentralisée de celle-ci, sur le fait que le Saint-Siège s’appuya sur l’opinion publique dans les relations internationales, ou encore sur le paradoxe que le mouvement intransigeant en repensant les moyens d’action, notamment par le biais de la presse (avec l’exemple typique de L’Univers de Veuillot), marqua « une étape importante dans la démocratisation de l’action catholique » tout en accélérant l’abandon du lien aux princes temporels. On peut même dire que cette « mobilisation en faveur du pape-roi » conduisit sur le long terme à un désintéressement catholique pour les questions politiques, à une insertion au sein du système en place et, plus largement, au ralliement au consensus moderne. Sans aborder directement ces questions, l’auteur en fait ici en quelque sorte la préhistoire. Arthur Hérisson, Pour le pape-roi, École française de Rome, 612 p., 37 e. >> à lire également : Un Pape politique ?
Quas Primas (2/4) : Le dogme du Christ-Roi et sa signification politique
DOSSIER | 1925-2025 : « Aux origines de la fête du Christ-Roi » | Document essentiel du magistère, l’encyclique Quas Primas (1925), publiée par Pie XI, est à replacer dans un enseignement enraciné dans la Sainte Écriture et professé par les papes du XIXe et du XXe siècle luttant contre la sécularisation et la trompeuse émancipation de la société du surnaturel et du divin.