Nous ne cessons de le dire : une autre économie est possible. Il faut pour cela commencer par faire tomber les murs intellectuels qui sont les nôtres. Non, il ne suffit pas d’un soupçon de moralité pour rendre l’économie de marché conforme au bien de l’homme et à la doctrine sociale de l’Église. On ne peut isoler quelques aspects de celle-ci pour baptiser d’emblée l’ensemble du système économique. Non, il ne suffira pas d’en appeler à un cercle vertueux pour que la finance le devienne à son tour.
Dans le prochain numéro de L’Homme Nouveau (en date du 28 janvier), comme en écho à la Semaine de l’Unité des chrétiens qui s’est déroulée du 18 au 25 janvier, nous donnons la parole à Ovidiu Hurduzeu, orthodoxe roumain. Sur le terrain de la construction d’une autre organisation sociale et économique, il souligne combien l’entente entre chrétiens est possible dès lors que l’on ne se laisse pas séduire par les sirènes contemporaines. Son verdict est sévère, mais il sait de quoi il parle : son pays a été défiguré par le communisme puis par l’ultra-libéralisme. C’est pourquoi il dénonce cette économie moderne qui profane le monde et appelle à changer de perspective.
Dans le même sens, Denis Sureau livre une analyse essentielle du rôle de la monnaie, qui d’instrument de stabilité est devenue une marchandise, objet de spéculation. Vous trouvez qu’il y va fort aussi ? Lui aussi s’appuie sur l’enseignement social de l’Église et notamment sur la doctrine des corps intermédiaires. Dépassé cet aspect du discours de l’Église ? Relisez, par exemple, le n. 14 de Laborem exercens de Jean-Paul II, vous serez peut-être surpris.