Le 1er décembre 2024, des groupes djihadistes et leurs alliés ont pris le contrôle de la ville d’Alep, atteignant la citadelle historique, après deux jours d’une offensive éclair contre les forces du gouvernement.
Mercredi, les djihadistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), une alliance majoritairement dominée par l’ex-branche syrienne d’Al-Qaïda, ont lancé une offensive dans les territoires contrôlés par le régime dans la province d’Alep et la région voisine d’Idleb. En seulement quelques jours, la ville d’Alep, un centre stratégique et économique, est tombée sous leur contrôle.
Cette offensive rapide a pris de court de nombreux observateurs. En seulement trois jours, les djihadistes et les rebelles ont conquis plusieurs villages et une grande partie des quartiers d’Alep, y compris des bâtiments clés du gouvernement et des prisons.
L’offensive était préparée depuis des mois, selon Dareen Khalifa, une experte de l’International Crisis Group. Bien que l’attaque ait été présentée comme une réponse défensive face à une escalade des bombardements du régime syrien, elle semble également liée à des facteurs géopolitiques plus larges.
Une des conséquences les plus dramatiques de cette offensive concerne les 25 000 chrétiens vivant à Alep et ses environs. Depuis que les groupes rebelles et djihadistes ont pris le contrôle de la ville syrienne d’Alep, samedi 30 novembre, la communauté chrétienne vit dans l’angoisse. Traumatisée par les années de guerre, une partie de cette communauté a choisi de fuir, tandis que l’autre reste, dans l’incertitude de ce que l’avenir lui réserve. Ils sont particulièrement vulnérables aux exactions, telles que les massacres ou les déplacements forcés.
Si les rebelles réussissent à maintenir leur emprise sur la ville, cette communauté chrétienne pourrait être la cible de violences, poussant de nombreux membres à fuir ou à se cacher. La situation est donc particulièrement critique pour les chrétiens d’Alep, qui se retrouvent au cœur d’une offensive militaire où leur survie est gravement menacée. Le conflit syrien est également marqué par des rivalités diplomatiques complexes. Les puissances qui soutiennent les différentes factions du conflit ont des intérêts souvent opposés.
Cette offensive représente un revers de taille pour Bachar al-Assad. Les lignes du régime ont été brisées à une vitesse inattendue. Les forces pro-gouvernementales n’ont pas été en mesure d’arrêter les avancées des djihadistes, qui ont progressé sans rencontrer de résistance significative, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Les combats ont fait plus de 300 morts entre mercredi et vendredi soir, principalement parmi les combattants, mais aussi parmi les civils. Selon l’OSDH, au moins 28 civils ont perdu la vie, et des centaines ont été blessés. Le samedi suivant, 16 civils ont été tués et 20 blessés dans des frappes aériennes, probablement russes, sur des véhicules civils dans une zone prise par les rebelles.
Mais c’est surtout la situation des 25 000 chrétiens d’Alep qui doit retenir l’attention internationale, car leur avenir est désormais gravement compromis sous le contrôle des forces djihadistes.
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