Produire français ? Et si on allait plus loin encore…

Publié le 14 Déc 2011
Produire français ? Et si on allait plus loin encore… L'Homme Nouveau

Le Président de la République en visite, hier, en Haute-Savoie, à l’usine de skis Rossignol de Sallanches, a repris à son compte l’idée d’une relocalisation de la fabrication de produits français. Visant Marine Le Pen notamment, il a déclaré :  « On me dit « achetez français« , je réponds « produisez français«  ». Au-delà de la joute verbale et électorale, qui vise aussi bien François Hollande que François Bayrou, l’unanimité semble se faire sur la nécessité de produire français pour acheter français. 

Encore ne faut-il pas se tromper et employer par ce biais un subterfuge habile, dénoncé l’autre jour dans l’émission 

Ça se dispute

 sur ITV par Éric Zemmour. Très justement, le journaliste, qui se réjouissait de cette thématique portée naguère par Georges Marchais, faisait remarquer qu’il ne fallait pas en la matière tomber dans l’artifice allemand qui fait fabriquer les pièces détachées de ses automobiles à l’étranger (à moindre coût, vive la mondialisation…) pour les assembler ensuite en Allemagne et leur apposé le « 

made in Germany 

», vendeur et symbole de solidité.

Il faut cependant aller plus loin que cette analyse bainvillienne et s’interroger sur le cadre général dans lequel devrait s’imbriquer cette production française. L’urgent est assurément la relocalisation de la production française, laquelle ne doit pas se penser non plus en dehors d’une réflexion sur la vitalité de nos régions dont certaines sont laissées à l’abandon. Une telle politique ne peut faire l’économie non plus d’une réflexion sur la démographie française et sur la place de la famille dans notre société, ni sur l’Éducation nationale et la liberté scolaire.

De la même façon, à moins de se réduire à n’être qu’un slogan de campagne et non le signe d’une volonté politique, cet accent sur la production française doit s’accompagner d’une revalorisation de l’artisanat et de l’agriculture, du dépassement du modèle salarial français pour que les travailleurs se réapproprient leurs métiers et trouvent un espace de liberté susceptible de permettre l’initiative. Toujours dans le même sens, la relocalisation devrait s’accompagner aussi d’un renforcement des économies locales, d’une priorité donnée à la production locale pour consommer local, s’appuyant notamment sur le tissu économique du modèle coopératif comme l’a souligné le Pape Benoît XVI samedi dernier et comme les Coopératives d’Émilie-Romagne en Italie et le Mondragon en Espagne en fournissent de sérieux exemples.

Plus globalement, il convient assurément de remettre l’économie à sa place, en la plaçant sous l’égide du politique, remettant ainsi le marché à sa place. Quitter en quelque sorte la « société du marché », laquelle n’est que la société absorbée par la conception utilitariste de l’économie. C’est une autre conception de la société qu’il faut et une autre conception de l’homme, au risque sinon de faire de la production française un simple emplâtre sur une jambe de bois. 

Sur la nécessaire relocalisation de la production et sur la politique globale qui doit accompagner un tel processus, on lira avec intérêt le livre de Joseph Pearce édité par les éditions de L’Homme Nouveau, Small is – toujours – beautiful, une économie au service des familles.

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