Les récents propos du pape sur l’homosexualité ont suscité un vif émoi. En disant qu’être homosexuel « n’est pas un crime », François a néanmoins rappelé que l’actes homosexuel constitue un péché. La réaction médiatique ne s’est pas faite attendre : l’enseignement de l’Eglise s’est vue conspuée.
Les médias mainstream pensaient que le pape François allait tout changer, dépoussiérer l’Eglise. Cela fait longtemps que la presse la juge trop passéiste ou arriérée. Depuis que Benoît XVI a renoncé à sa charge, les plus progressistes d’entre eux regrettent même que son successeur n’aille pas assez vite ou assez loin. Aussi, lorsque récemment, il n’a fait que rappeler l’enseignement du catéchisme au sujet des homosexuels, rien d’étonnant à ce que, amers, les gros titres fustigent et moquent les récentes déclarations du pape sur l’homosexualité.
Une position qui n’est pas neuve
Pourtant dans sa lettre du samedi 28 janvier dernier, le pape précise qu’il se « réfère simplement à l’enseignement moral catholique ». Et de fait, il suffit de jeter un coup d’œil sur le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) paru en 1992 – à l’invitation du pape Jean-Paul II et sous la houlette du cardinal Ratzinger – pour s’apercevoir, au sujet des homosexuels et de l’homosexualité, que la distinction entre les actes et les personnes n’est pas une nouveauté.
Et de fait, si le CEC enseigne sans ambiguïté que les actes d’homosexualité « sont contraires à la loi naturelle » et qu’à ce titre « ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas » (CEC 2357), ce même CEC demande, à l’égard des personnes homosexuelles, que soit évité « toute marque de discrimination injuste » mais, au contraire, qu’elles soient « accueillies avec respect, compassion et délicatesse » (CEC 2358).
Un procès d’intention
Indépendamment de la question de l’homosexualité et des personnes homosexuelles, il convient de rappeler l’aspiration profonde qui anime l’Eglise. Si elle se dit « catholique » (du grec catholicos signifiant « universel ») c’est qu’elle cherche à conduire au Ciel tous les hommes, de tous les temps, de tous les lieux et de toutes conditions : principes, repères, normes, lois, analyses morales n’ont, dans l’Eglise, pas d’autre objet que le Salut. Tous s’enracinent à la fois dans le droit naturel et dans la Révélation.
A cet égard, le grand saint Thomas d’Aquin lui-même ne commence-t-il pas son traité de morale, dans sa Somme Théologique, par la question de la Béatitude éternelle ? La finalité de l’existence donne en effet tout son sens à la vie terrestre. C’est la noble intention de sauver l’homme qui anime l’Eglise. Mission qu’elle est appelée à accomplir en transmettant la doctrine de Vie de son fondateur : le Christ. C’est d’ailleurs même pour cette raison qu’elle ne saurait y déroger au risque de devenir infidèle à sa vocation. En diffusant aux cœurs et aux intelligences la doctrine du Christ, l’Eglise contribue à la gloire de Dieu et agit pour le Salut des âmes.
Une vision cohérente de la sexualité
Or, que dit précisément l’enseignement de l’Eglise ? Le CEC considère que les actes d’homosexualité « ferment l’acte sexuel au don de la vie » et que « ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable » (CEC 2357). Pour cette raison, la « propension [homosexuelle], objectivement désordonnée, constitue pour la plupart [des personnes homosexuelles] une épreuve » (CEC 2359).
Selon l’enseignement constant de l’Eglise, la sexualité humaine est ordonnée à la transmission de la vie : toute sa beauté et son épanouissement se tirent de là. La relation homosexuelle ne pouvant aboutir à la procréation n’appartient pas à cet ordre. C’est en cela que les moralistes catholiques vont la qualifier de « contre nature », c’est-à-dire contraire à la nature même de la sexualité : donner du fruit en raison même de la complémentarité. En blessant l’ordre naturel voulu par Dieu (cf. CEC 1849), l’acte homosexuel constitue un péché, précise le catéchisme.
Contre le péché et pas contre le pécheur
Que l’on se souvienne de la monition du père au frère du fils prodigue resté fidèle : « Toi, mon enfant, tu es toujours avec moi et tout ce qui est à moi est à toi. Il faut faire la fête et se réjouir, car ton frère que voilà était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé ! » (Luc 15, 32). Le péché avait plongé le fils prodigue dans la misère et la détresse ; sa conversion lui a redonné la joie. Si – hélas – des chrétiens peuvent s’arrêter au péché pour blâmer le pécheur, l’Eglise, elle, recherche inlassablement le bien du pécheur pour lequel l’amendement est un soulagement. C’est le sens même de l’authentique miséricorde.
Le CEC ne préconise pas autre chose : « Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté. Par les vertus de maîtrise, éducatrices de la liberté intérieure, quelquefois par le soutien d’une amitié désintéressée, par la prière et la grâce sacramentelle, elles peuvent et doivent se rapprocher, graduellement et résolument, de la perfection chrétienne » (CEC 2359).
A contretemps
Au milieu des scandales qui secouent le monde ecclésiastique, l’Eglise, devenue a priori mal placée pour donner la leçon, peut-elle courir d’être incomprise sur des sujets aussi conséquents et graves ? Hors-sol, désuète, voire coupable, les quolibets ne manquent pas pour décrier son enseignement.
Puissent pourtant nos contemporains admettre que son apparente obstination n’est motivée par rien d’autre que sa loi suprême, celle-là même qui conclut le Code de Droit canonique en vigueur : « la loi suprême, c’est le salut des âmes ». (Canon 1752 – CIC1983).
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