Quadragesimo anno (VIII) : Le socialisme (II)

Publié le 09 Juil 2023
socialisme

Publié le 15 mai 1931, l’encyclique Quadragesimo anno de Pie XI commémore l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII et approfondit, au regard des circonstances nouvelles, la doctrine catholique en matière sociale et économique. À ce titre, elle consacre plusieurs passages au capitalisme (cf. Reconstruire n° 23 et 24) et au socialisme (cf. Reconstruire n° 25-26). Sur ce dernier sujet, sa conclusion est nette : le catholicisme est incompatible avec le socialisme.   Quelle est la conclusion pratique de Pie XI à propos du socialisme ? Opposé aussi bien au capitalisme libéral qu’au socialisme, Pie XI estime que « personne ne peut être en même temps bon catholique et vrai socialiste » (n. 130). La phrase est forte et n’appelle pas de contradictions. Tout de suite après cet énoncé, le pape engage d’ailleurs le poids de son autorité pontificale en recourant à la formule : « Tout ce qui vient d’être rappelé par Nous et confirmé solennellement de Notre autorité » (n. 131). Pourtant, il constate lui-même que certains catholiques restent attirés par le socialisme, une tentation qui se prolongera après la Seconde Guerre mondiale et qui connaîtra des incarnations variées selon les lieux et les époques, la théologie de la libération et la théologie du peuple pouvant être comprises comme des avatars récents. S’interrogeant sur le passage explicite de certains catholiques au socialisme, Pie XI relève l’accusation souvent faite à l’Église d’être du côté des riches, voire d’être « l’Église des riches ». Comment Pie XI répond-il à cette accusation ? De manière très claire et très forte par le vocabulaire employé, il met en cause les catholiques qui trahissent la justice et la charité en ne prenant pas en compte le sort des ouvriers ou, pire, qui les oppriment par « esprit de lucre » (n. 135). Il accuse également ceux qui se couvrent du nom même de chrétien pour refuser d’écouter les demandes du monde ouvrier. Pour Pie XI, non seulement leur conduite est indigne et injuste, mais ils sont à l’origine de l’accusation portée contre l’Église : « Nous ne cesserons jamais de stigmatiser une pareille conduite ; ce sont ces hommes qui sont cause que l’Église, sans l’avoir en rien mérité, a pu avoir l’air et s’est vue accusée de prendre le parti des riches et de n’avoir aucun sentiment de pitié pour les besoins et les peines de ceux qui se trouvent déshérités de leur part de bien-être en cette vie » (n. 135). Mais, au-delà de cette mise en…

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