Alors que les monde semble s’arrêter de vivre pendant les vacances, le calendrier liturgique n’est pas vide pour autant : au contraire, l’Église a placé dans ces quelques jours de la fin de juillet et du début du mois d’août, de nombreuses fêtes importantes. Les fêtes religieuses, qui autrefois rythmaient les vies, sont devenues secondaires. Alors, les vacances peuvent être l’occasion de se laisser conduire par cet autre rythme, celui des grands saints et de la liturgie.
Le 22 juillet d’abord, l’Église choisit de célébrer sainte Marie-Madeleine. Cette pécheresse convertie essuie les pieds du Christ de ses cheveux. Délivrée de sept démons, elle devient disciple du Christ, et l’une des rares personnes à se tenir au pied de la croix. Au matin de Pâques, sainte Marie-Madeleine reconnaît dans le jardinier le Christ ressuscité et l’annonce, ce qui lui a valu le titre d’Apôtre des apôtres.
Selon la tradition, peu de temps après, Marie-Madeleine embarque avec un groupe de chrétiens (dont son frère Lazare et sa sœur Marthe) pour l’occident. Ils arrivent aux Saintes-Maries-de-la-Mer, et elle vient finalement s’établir à la Sainte-Baume pour y finir sa vie, entre pénitence et contemplation. La fête de sainte Marie-Madeleine y est donc tout particulièrement célébrée.
Deux jours plus tard, le soir du 24 juillet, les cloches de la cathédrale de Compostelle résonnent pour annoncer la fête qui commencera dès le lendemain. La ville s’anime tous les étés vers le 25 juillet, date de la fête de l’apôtre saint Jacques. Les pèlerins qui pénètrent dans la cathédrale pourront assister à la grand-messe, mais aussi à la cérémonie du Botafumeiro.
C’est une tradition où un immense encensoir qui oscille dans le transept et le remplit d’odeur d’encens. Saint Jacques, apôtre, fut appelé par Jésus, avec son frère Jean, l’évangéliste, alors qu’ils pêchaient sur le lac de Tibériade. Il fut présent lors de la résurrection de la fille de Jaïre, puis lors de la Transfiguration au mont Thabor. Le soir de l’agonie de Jésus au mont des oliviers, il est invité à veiller et prier avec les autres disciples. Décapité sur l’ordre d’Hérode Agrippa, il est le premier apôtre martyr.
Le lendemain, 26 juillet, l’Église fait mémoire de sainte Anne et saint Joachim, parents de la Vierge Marie. Sainte Anne est une juive ayant vécu à Séphoris, près de Nazareth, puis à Jérusalem. Le plus ancien document qui à la mentionner est le protévangile de Jacques, apocryphe qui transmet une tradition judéenne remontant à la première moitié du deuxième siècle. Dans les premiers siècles de l’Église, le culte de sainte Anne a grandi d’abord en Orient, dans le rayonnement de celui de la Vierge Marie, de son Immaculée Conception, et de sa présentation au Temple.
Au sanctuaire de Sainte-Anne d’Auray, le 26 juillet est le jour du « Grand Pardon » annuel. Un pardon est une forme bretonne de pèlerinage, cher à la piété populaire. Il traduit le désir de se mettre en marche pour obtenir du saint fêté une intercession ; reconnaissant son état de pécheur, le pèlerin demande le pardon de Dieu. Le Grand Pardon de Sainte-Anne est le plus célèbre, et rassemble chaque année autour de 20 000 pèlerins autour de cette sainte patronne de la Bretagne.
Quelques jours plus tard, le 4 août, a lieu la fête de saint Jean-Marie Vianney. Né en 1786, Jean-Marie Vianney grandit sous le spectre de la Terreur, et pratique sa foi dans le secret des granges et des forêts. Plus tard, il entre en séminaire, et finit par devenir prêtre, malgré son absence de facilités intellectuelles. Il est la figure du prêtre simple, détaché des richesses du monde et débordant de zèle pastoral, modèle pour de nombreux curées. Ce jour peut-être l’occasion de prier pour tous les prêtres, en particulier ceux qui ont la charge de paroisses.
Le 5 août enfin, l’Église fête la dédicace de l’une plus ancienne des basiliques romaines : Sainte-Marie-Majeure. La dédicace d’une église est l’acte par lequel elle est définitivement vouée au culte, mais ce mot peut aussi désigner la fête anniversaire d’une telle consécration.
La tradition veut que la Vierge Marie ait demandé la construction de cette basilique sur l’Esquilin, et en ait désigné l’emplacement par un miracle. En effet, le 5 août 356, en plein cœur de Rome, une épaisse couche de neige marquait l’emplacement de la future église.
Cette basilique est la seule à avoir conservé des structures paléochrétiennes, et fait partie des quatre grandes basiliques patriarcales de Rome. Tous les 5 août, à l’occasion de la fête de sa dédicace, deux lâchers de pétales de roses blanches y sont organisés pour rappeler le miracle de la neige. L’un a lieu le matin au cours de la messe solennelle, l’autre le soir lors des deuxièmes vêpres. Les pétales sont lancés depuis la coupole de la chapelle Sainte-Pauline sur le chœur.
Longue est la liste des grands saints dont les fêtes parsèment l’été, mais ces quelques figures peuvent se placer dans nos vacances comme des jalons.