> Enquête Quas Primas
Dans le cadre de notre enquête pour le centenaire de l’encyclique Quas Primas, l’abbé Matthieu Raffray rappelle la portée prophétique du texte de Pie XI : face aux idéologies totalitaires de son temps, le Pape affirmait que seule la soumission des peuples à la Royauté du Christ pouvait garantir la paix. Un appel toujours pressant dans un monde livré à de nouvelles menaces.
L’encyclique Quas Primas est datée du 11 décembre 1925. Elle se situe clairement dans la période de l’entre-deux-guerres, comme une réponse aux tensions internationales qui annoncent déjà le second conflit mondial. La révolution russe a eu lieu en 1917, avec la diffusion mortifère de « l’athéisme impie » et, au Mexique, l’élection en 1924 du président Calles sonnait le début de la persécution contre l’Église. En Italie même, Pie XI commençait à s’opposer au fascisme et à son « culte païen de l’État » (Non abbiamo bisogno, 1931), expression qui annonçait déjà sa violente condamnation du nazisme, comme « amour désordonné de la patrie qui […] fausse et pervertit l’ordre voulu par Dieu », jusqu’à devenir impiété et blasphème, culte idolâtrique et négation de Dieu (Mit Brennender Sorge, 1937).
Un programme de théologie politique
Pris en tenaille par ces idéologies antichrétiennes, le pape Pie XI lance donc en quelque sorte un programme de théologie politique aux allures prophétiques : contre les erreurs communistes et contre les « nationalismes immodérés » qui sont prêts à se déchaîner, il propose dans Quas Primas un unique remède, le retour au règne social du Christ. Son propos est clair : c’est seulement par la soumission à la Royauté du Christ, par son règne sur les intelligences, les volontés, les cœurs, mais aussi sur les États et leurs gouvernants, que la paix et la concorde entre les peuples, en Europe et ailleurs, peuvent être encore préservées. Les tyrannies sanglantes du XXᵉ siècle lui donneront cruellement raison : les peuples qui s’éloignent de Dieu et de son autorité sombrent dans les plus atroces barbaries. L’argumentation théologique donnée dans cette encyclique est pourtant limpide. Le Pape montre d’abord que le Christ est explicitement proclamé roi dans l’Ancien Testament : les prophéties annoncent l’enfant qui vient « pour établir [son Royaume] dans le droit et la justice, dès maintenant et pour toujours » (Is 9, 6-7), un Royaume qui « ne sera jamais détruit et subsistera à jamais » (Dn 2, 44), gouverné par un Roi très humble, protégé de Dieu,…








