Rendre à Dieu ce qui est à Dieu

Publié le 31 Oct 2023
dieu césar

L’Évangile commenté par le Pape lors de la récitation de l’Angélus du 22 octobre dernier est fort connu, car il s’agit de l’épisode dans lequel Jésus affirme qu’il faut rendre à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Pharisiens et hérodiens s’étaient joints pour tendre un piège à Jésus et ils le firent hypocritement, avec une courtoisie extrême et des paroles flatteuses : « Nous nous en rapportons à vous, nous savons que vous êtes l’intégrité en personne ; et c’est pour cela même que nous vous choisissons comme arbitre. »

Puis ils posent la question piège. Avant de répondre, le Seigneur demande qu’on lui apporte un denier, qui va lui permettre d’échapper au piège. L’effigie de ce denier est de César. La circulation en Judée de cette monnaie à cette effigie entraînait l’obligation pour les Juifs de payer l’impôt avec cette monnaie. Il y avait donc un pouvoir de fait, établi, prélevant l’impôt, comme rançon de ses services, puisqu’il assurait l’ordre et la paix et exigeant des particuliers, comme contribution et aide pour ces services, une part déterminée de leurs biens. L’effigie est de César, l’exergue est de César ; il y a situation régulière acquise.

La conscience, non seulement n’interdit pas, mais fait une loi de rendre à César ce qui est à César, et de contribuer, par une collaboration mesurée, à l’œuvre de paix et de sécurité qu’il accomplit. Telle est la première moitié de la leçon, et les procédés révolutionnaires sont proscrits par Jésus. Mais s’il faut bien rendre à César ce qui est à César, ce n’est pas tout ce que César demande, mais tout ce qui est à lui, c’est à dire ce qui dans l’appréciation des sages et des prudents, est l’équivalent des services qu’il nous rend : c’est question de justice, c’est le respect du contrat ou quasi contrat qui existe entre César et ses subordonnés.

Le Seigneur a ainsi éventé le piège. Il n’y a pas d’incompatibilité entre César et Dieu. Les droits de César sont d’ordre matériel et limité. Les droits de Dieu sont d’ordre spirituel : ils concernent l’âme qui porte, elle, l’empreinte de Dieu et qui par conséquent doit se rapporter tout entière à Lui. L’impôt de Dieu, c’est toute l’âme. Le Seigneur prend son point d’appui sur un fait constant, qui nous livre une situation de fait, et qui nous révèle un droit de César, et par conséquent un devoir des Juifs.

La seconde partie de la réponse de Jésus contient une leçon : d’après la réponse du Seigneur, il n’y a pas d’opposition entre les droits de César et les droits de Dieu, puisque nous devons satisfaire aux exigences des uns et des autres. Ce n’est que par circonstance, lorsque César demande et commande ce qui est interdit par Dieu, qu’il y a incompatibilité : il faut alors obéir à celui qui a donné à César la puissance, mais qui n’a point voulu le désordre et la contradiction, et partant n’a point abdiqué ses droits entre les mains de César.

Il faut rendre à César ce qui est à César. Les droits de César ne sont pas opposés aux droits de Dieu. Il faut rendre à Dieu ce qui est à Dieu ; et ce qui est à Dieu, c’est l’âme, c’est le culte intérieur, c’est l’adoration en esprit et en vérité.

Le commentaire du Pape sur cet épisode est particulièrement intéressant, car il dénonce une mauvaise conception des droits de César et des droits de Dieu, conception qui est très actuelle chez nos politiciens et pas seulement chez eux. Prenons un exemple : on entendra souvent un législateur vous dire : oui, personnellement, je suis contre l’avortement, mais je ne peux aller contre l’État, contre la société, etc. Il faut distinguer entre le croyant et l’homme politique.

Et bien non ! répond le Pape, reprenant ici en résumé la pensée de Benoît XVI sur les points non négociables. Le Pape parle même de schizophrénie, comme si la foi n’avait rien à voir avec la vie sociale et les exigences de la justice et de la vertu de religion. Il a aussi un très beau commentaire sur l’image, en posant à chacun de nous la question : quelle image portons-nous dans la vie : celle du Christ et de Marie ou celle de la mondanité ?

 

à lire également : Les 5 cinq sens : l’honneur (1/5)

Un moine de Triors

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