Commentaire de l’allocution lors de l’Audience générale du 21 octobre 2020
Lors de la dernière audience, le Pape a complété sa catéchèse sur les Psaumes. Il est vrai qu’il y a tant à dire sur cette prière à la fois juive et chrétienne. Dans son discours aux Bernardins, Benoît XVI avait souligné que pour saint Romuald les psaumes étaient l’unique chemin « pour faire l’expérience d’une prière véritablement profonde ». C’est ce que nous dit ici d’une autre façon le pape François.
Il commence par parler d’un personnage très important dans les psaumes : celui de l’impie. De même qu’il y a deux voies, une étroite qui conduit à Dieu et l’autre spacieuse qui conduit au mal, de même y a-t-il deux catégories de personnes : le juste et l’impie. L’impie vit comme si Dieu n’existait pas (ps 53). En conséquence il ne possède aucune référence au transcendant et rien ne l’arrête dans son arrogance. Le juste, lui, met son bonheur dans la pratique de la Loi, marque irréfutable de sa fidélité en Dieu. Et pour rester fidèle à la Loi, il faut être soutenu par une prière pure, constante et persévérante. Bien avant saint Alphonse de Ligori, le psalmiste avait compris que « celui qui prie se sauve et que celui ne prie pas se damne ». En récitant chacun des psaumes qui est en réalité une prière, nous comprenons pourquoi et comment la prière demeure la réalité fondamentale de notre vie. En nous enseignant la crainte de Dieu et la pureté du cœur, le psautier fait de nous des hommes véritables, puisqu’en nous unissant à Dieu par la prière, il nous fait redécouvrir notre grandeur de créature à l’image de Dieu. Cette image bien que ternie par le péché ne pourra jamais être supprimée car telle est la nature de l’homme.
Mais la prière doit être pure. Méfions-nous des caricatures de la prière. Nous ne prions pas pour être admirés des autres. Nous prions pour louer et adorer Dieu, le remercier de ses grâces, lui demander la grâce de la persévérance finale et de tous les biens spirituels et matériels qui y conduiront et enfin pour lui demander pardon de tous nos péchés. Dans le psautier, nous retrouvons toutes les sortes de prières possibles. Hors des prières énoncées, toutes les autres pourraient nous conduire à une attitude hypocrite. Souvenons-nous toujours de la parabole du pharisien louant Dieu de n’être pas comme les autres et du publicain criant les yeux fixés en terre la prière salvatrice et libératrice : « Seigneur ayez pitié de moi, pécheur ».
Notre Seigneur nous a enseigné la prière du Pater, unique en son genre car elle est prière divine. Avec elle, le psautier, inspiré par Dieu et donc prière divine elle aussi, doit être pour nous la grande école de la prière. Cette prière humaine qu’est le psautier s’adapte à tous les hommes, de quelque condition et de quelque époque qu’ils fussent. Comme il a été au cœur même de la prière juive, le psautier se trouve maintenant au cœur de la prière de l’Église, car il est au cœur de la prière de chaque homme qui succède à cette chaîne ininterrompue des pères, des docteurs, des saints, des mystiques, des malades, des hommes de toutes les nations et races, de toutes les cultures, qui firent leurs cette prière ; prière dans laquelle la présence humaine mais cachée du Christ se fait sentir partout où cette prière est chantée ou récitée en Église. Le Christ est l’unique mélodie de l’unique Liturgie. Per Ipsum et cum Ipso, l’Église de la nuit à la nuit, de l’aurore au crépuscule, ne cesse par les psaumes d’élever sa voix vers le Ciel, pour exprimer dans le Fils la gratitude des fils. Grâce à Marie, la prière des psaumes nous aidera à ne pas tomber dans la tentation de l’impiété.