Sainte Kateri Tekakwitha, le « lis des Mohawks »

Publié le 06 Sep 2023
Kateri Tekakwitha - Peinture à l'huile par Joseph Légaré (1843)

Kateri Tekakwitha - Peinture à l'huile par le père Joseph Légaré (1843) - Photo : Diocèse de Saint-Jean-Longueuil

Après avoir déjà évoqué l’Amérique avec saint Juan Diego, lors de ses catéchèses sur la passion pour l’évangélisation et le zèle apostolique, le Pape a donné en exemple, lors de l’audience générale du 30 août, Kateri Tekakwitha, le lis des Mohawks, première Indienne d’Amérique à avoir été proclamée bienheureuse.

Née en 1656 dans l’état actuel de New York, elle était la fille d’un guerrier mohawk. À la mort de son père et de sa mère, elle fut accueillie par des parents qui se chargèrent de son éducation. Plusieurs fois, elle refusa de se marier, chose insolite pour une jeune Iroquoise. Elle avait décidé de ne vivre que pour le Seigneur. Elle reçut le baptême à l’âge de 20 ans. Cette décision la mit en difficulté parmi les siens et elle dut partir pour la mission des Jésuites à Montréal, où elle fit sa première communion et mena une vie de pénitence et de prière continuelle, se consacrant au soin des malades et des personnes âgées. Elle mourut à 24 ans, le 17 avril 1680. Sa tombe, dans la réserve mohawk, est devenue un lieu de pèlerinage très fréquenté.

Kateri n’était pas entièrement païenne. Sa mère chrétienne lui avait appris des hymnes et des chants religieux. Le Pape en profite pour souligner le rôle primordial des femmes dans l’évangélisation des pays. Beaucoup de pays se flattent d’avoir à leur origine chrétienne des femmes, qu’elles soient reines ou non. Sainte Clotilde et sainte Geneviève en France, sainte Berthe en Angleterre. La foi est principalement transmise par les mères ou grands-mères. Encore de nos jours, en particulier en Russie et dans les anciens pays communistes, les grands-mères ont catéchisé leurs petits-enfants. Elles savent, par des gestes simples et remplis d’amour du Bon Dieu, communiquer leur foi par ce que le Pape appelle justement le dialecte de la foi.

À 4 ans, atteinte par l’épidémie de variole qui sévissait sur le pays, Kateri perdit ses parents et un frère, elle-même gardant des cicatrices de la maladie sur son visage. Dès lors, des difficultés de toutes sortes l’assaillirent. La croix fut omniprésente dans sa vie, ce qui est une marque de faveur divine.

De nos jours, on veut supprimer la croix de toute vie chrétienne, y compris en liturgie. C’est là une grave erreur contre laquelle les papes ont lutté.Ce qui était scandale pour Pierre, qui fut traité de Satan par Jésus, et pour les juifs, ce qui était folie pour les païens, l’est plus encore de nos jours. Et pourtant la croix est nécessaire. Sans effusion de sang, dit l’Épître aux Hébreux, il n’y a pas de Rédemption. Et la croix n’a pas manqué pour Kateri, surtout après son baptême en 1676. Kateri aima Jésus et Jésus crucifié. Beaucoup de nos contemporains rejettent croix et souffrance qui sont pourtant une voie spacieuse pour gagner le Ciel.

Mais pour cela, il faut s’armer de patience, vertu indispensable mais difficile à acquérir. Saint François l’obtint après quarante ans de combat et encore faillit-il la perdre en deux secondes. Nous devons tous apprendre la patience par l’humilité, sinon nous ne pourrons jamais devenir des saints. Or, saint Paul nous le dit, la volonté de Dieu, c’est notre sanctification. La patience est tolérance, mais elle est plus que tolérance. Appartenant à la vertu de force, elle sert à la lutte contre les vices. Il faut beaucoup de patience pour sortir de son moi. C’est l’aspect agressif de la patience. Son côté passif, c’est le support d’autrui, même si celui-ci est ennuyeux voire méchant. La vie de Kateri nous montre que toute difficulté peut être surmontée, si avec et par Marie nous ouvrons notre cœur à Jésus miséricordieux et compatissant, modèle de patience durant toute sa vie et surtout dans sa Passion.

 

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Un moine de Triors

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