Science : La désinformation des jeunes inquiète les acteurs politiques et sociaux qui se penchent avec sollicitude sur leurs causes. Témoins une enquête dont les résultats viennent de paraître. Mais le questionnaire utilisé n’est-il pas biaisé dès le départ par l’idée que les enquêteurs se font de la science ? À en croire le sondage publié le 11 janvier 2023, ftiré d’une étude Ifop pour la Fondation Reboot et la Fondation Jean Jaurès, la désinformation des jeunes va croissant avec l’usage des réseaux sociaux. Pour preuve, une proportion non négligeable estime que « les êtres humains ne sont pas le fruit d’une longue évolution d’autres espèces comme le singe mais ont été créés par une force spirituelle (ex : Dieu) » . Si l’enquête brasse une quantité incroyable de thèmes, depuis la Terre plate jusqu’à la guerre en Ukraine en passant par les extraterrestres, qu’en est-il plus spécifiquement de la question de l’évolutionnisme ? Elle intervient en première position du questionnaire soumis. Il semblerait que les commanditaires de l’étude lui accordent une importance particulière. Qui plus est, elle suffit à soulever de vertigineuses interrogations philosophiques. La seule phrase citée plus haut suggère que les rédacteurs de l’enquête défendent au moins les trois idées suivantes : 1) les êtres humains sont le fruit d’une longue évolution ; 2) les êtres humains ne sont pas créés par Dieu ; 3) évolutionnisme et créationnisme sont incompatibles. Par-delà les thèses, ce sont d’abord les notions invoquées qui interrogent. C’est pourquoi le problème, en dernière analyse, se révèle mal posé. 1) Que faut-il entendre par évolution ou évolutionnisme ? On pense évidemment à la théorie présentée par Charles Darwin en 1859 dans sa célèbre Origine des espèces. Ce serait oublier que celle-ci a été largement dépassée par des théories plus récentes, qui n’ont plus grand-chose de darwinien si ce n’est qu’elles mobilisent le principe de sélection naturelle. Et les scénarios de l’origine des hominidés ne cessent d’évoluer eux-mêmes. Comme l’affirmait le paléoanthropologue Michel Brunet, dans sa leçon inaugurale au Collège de France en 2008 : « la validité d’une hypothèse a souvent une durée de vie qui s’arrête avec la découverte du prochain fossile ». De surcroît, est-il légitime d’affirmer que toute thèse d’une élaboration progressive du corps humain est nécessairement matérialiste à la manière des théories contemporaines ? Cela mériterait à tout le moins d’être discuté. 2) Que d’ambiguïtés également quant à la notion de Création. Elle sert évidemment à agiter le chiffon rouge du créationnisme…
Auguste Comte et le positivisme
L'Essentiel de Joël Hautebert | Bénéficiant d’une grande bienveillance dans certains milieux catholiques, la philosophie d’Auguste Comte est-elle réellement anti-révolutionnaire ? Un retour sur le positivisme permet de saisir l’intérêt de cette doctrine et de comprendre comment son matérialisme l’empêche d’embrasser toute la nature de l’homme et de la société en ne se penchant pas sur leurs fins.