L’économie aussi est une question de valeur morale
Certains se réjouissent que la campagne électorale prenne le chemin d’une discussion sur les « valeurs » plutôt que sur l’économie, considérée comme étant un sujet uniquement « technique », sans grande valeur ajoutée de la part des candidats, lesquels n’auraient qu’une étroite marge de manœuvre. Il est vrai que la proposition du candidat Hollande, maquillage léger en faveur de l’euthanasie, conforte une telle perception. Le discours de Claude Guéant sur la supériorité de certaines civilisations va aussi dans ce sens, sans même parler de l’entretien fleuve accordé au Figaro Magazine par le Président de la République, pas encore candidat (on parle d’une annonce officielle pour ce soir) ou de la volonté d’autres d’inscrire la laïcité dans la constitution.
Mais, pour autant, faut-il rejeter dans le domaine de la seule technique la question du système économique, sous prétexte qu’il n’aurait rien à voir avec les valeurs ou, pour être, plus précis avec la morale ? Les catholiques sont-ils acculés à ne se battre ou à se faire entendre que sur la question de l’avortement ou de l’euthanasie, voire de la famille et de la liberté de l’enseignement, comme si le système économique dans lequel nous vivons était complètement innocent ? Il est indéniable que le Pape nous invite à prendre en compte ce qu’il a nommé les points non négociables, limites ultimes au-delà desquelles nous basculerons dans des politiques déshumanisantes et franchirons le cap du déni de civilisation. Mais la situation du Chinois (par exemple), travaillant pour le grand marché mondial et le profit aussi bien des entreprises contrôlés par le parti dans son pays que des revendeurs occidentaux, n’est-elle pas aussi le fruit d’une politique déshumanisante et un déni de civilisation ?
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