Voici une histoire terrible, mais qui malheureusement se répète depuis des années. À Lavaur, dans le Tarn, un brave homme, Luc Fournié, propriétaire d’un bar-tabac, constate que les barreaux de la fenêtre de son arrière-boutique ont été sciés. Il prévient les gendarmes qui, sans doute lassés de ne jamais être suivis par la justice dans leur mission, se contentent de constater. Luc Fournié, affolé, va récupérer le fusil de son père, bricole une sorte d’alarme de fortune, puis prend la garde dans son arrière-boutique. À 2 h du matin, le 14 décembre 2009, deux ombres surgissent. M. Fournié tire et tue un jeune homme de 17 ans, Jonathan Lavignasse. Tout va désormais tourner autour de la notion de légitime défense, et pourtant, Luc Fournié va être condamné à sept ans de prison. Il a fait appel.
Le plus souvent, les jurés populaires admettent ces faits, simples : quand il y a conflit entre un voleur et un honnête homme, la réponse est de dire, fallait pas y aller, c’est un accident du travail ! Il y a un risque à être voleur et il s’agit de rendre la monnaie de sa pièce à un malfaiteur qui a sciemment pris ses risques, c’est une « légitime violence ». Et les jurés acquittent. Ce fut le cas dans deux affaires célèbres : le transistor piégé, ou la boulangère de Reims. D’autant que le Code prévoit ces circonstances aggravantes pour les malfaiteurs : entrée de nuit, par effraction, violence ou ruse, en groupe et avec armes dans une demeure habitée. Mais, ajoute le Code, il faut que la défense soit « proportionnée à l’attaque » et c’est un argument absurde. Deux exemples vécus : un petit bijoutier, déjà agressé plusieurs fois, se munit d’un pistolet. Arrive un malfaiteur qui casse les vitrines avec un marteau puis s’approche du bijoutier et de sa caisse, menaçant le crâne du commerçant. Celui-ci tire et tue son agresseur. Que devait-il faire ? Dire : « Attendez un instant, que j’aille voir si je n’ai pas un marteau qui traîne par là ?…».
À Stains, Mme Liger, boulangère, voulant défendre son fils handicapé harcelé par une bande de « jeunes », est frappée et meurt. Si elle avait été armée et qu’elle ait tiré, elle serait vivante. Mais ses agresseurs ont été acquittés ! Conclusion et à propos de M. Fournié : comme les magistrats souvent (les femmes notamment), les jurés sont conditionnés par le politiquement correct et suivent à la lettre le conseil d’Oswald Baudot, magistrat membre du Syndicat de la magistrature, à ses confrères : « Ayez un préjugé favorable pour le voleur contre la police ». Dommage. Les jurés jusqu’ici opposaient le bon sens aux folies de la justice…