De fondation récente, le Synode des évêques est une jeune institution créée et structurée par différents documents pontificaux depuis Paul VI et Vatican II. Le pape François lui-même en a par deux fois modifié les règles. Mais une lettre datant du mois d’avril le montre décidé à y faire entrer de manière arbitraire un quota important de membres choisis en dehors des rangs épiscopaux.
La nouvelle est tombée le 26 avril 2023, par le biais d’une lettre (non disponible à ce jour) adressée par les cardinaux Grech et Hollerich aux responsables des assemblées continentales réunies en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient et en Océanie : des « non-évêques », ecclésiastiques ou laïcs nommés par le pape selon le critère mondain de la parité hommes-femmes (« parce que c’est ainsi que va notre monde » dixerunt), auront droit de vote au Synode des évêques sur la Synodalité. Pour comprendre les enjeux et les incongruités de cette nouveauté, il convient de revenir en arrière et d’exposer la genèse et les fonctions du Synode des évêques. Le Synode des évêques est une institution récente née dans le sillage du concile Vatican II. Paul VI, dès 1963, fait part aux évêques réunis en concile de sa volonté d’« associer, pour des questions déterminées, des représentants de l’épiscopat au chef suprême de l’Église pour l’étude et la responsabilité du gouvernement ecclésiastique ». Il revient sur la question en 1964 et 1965, lors des discours de clôture ou d’ouverture des sessions conciliaires puis crée, par le motu proprio Apostolica Sollicitudo du 15 septembre 1965, le Synode des évêques en tant que « conseil permanent d’évêques pour l’Église universelle, soumis directement et immédiatement à Notre autorité ». Il s’agit de répondre efficacement à cette « époque, si troublée et si critique » au moyen d’une « coopération des évêques pour le bien de l’Église universelle ». L’idée est de faire participer les évêques « d’une façon plus manifeste et plus efficace à Notre sollicitude envers l’Église universelle ». Il s’agit donc d’un organe de conseil composé d’évêques, établi par le Pape et pour le Pape, sous sa direction, en tant qu’« aide efficace au Pasteur suprême de l’Église ». Un mois plus tard, le décret conciliaire Christus Dominus, « sur la charge pastorale des évêques dans l’Église », reprend l’idée d’une réunion d’« évêques choisis dans les diverses régions…