Thérèse l’universelle

Publié le 12 Déc 2014
Thérèse l’universelle L'Homme Nouveau

Jusqu’au 31 décembre, la pièce sainte Thérèse l’universelle est jouée dans la crypte de l’église Notre-Dame des Champs. Une heureuse façon de se recentrer sur l’essentiel et de préparer l’Avènement.

Pourquoi parle-t-elle à tous, cette enfant cloîtrée ? Pourquoi de Dubaï à Shanghaï, de Jérusalem à Beyrouth en passant par Lourdes et Montréal, la pièce Sainte Thérèse Histoire d’une âme, de Michel Pascal, a-t-elle réuni et bouleversé catholiques, juifs, musulmans athées et bouddhistes ? Elle a tourné trois ans devant 150 000 spectateurs. Dix-huit pays, six cent cinquante représentations.

Au fil de cette tournée, un constat s’est imposé : la vie, la spiritualité de sainte Thérèse touche tous les hommes, quelle que soit leur appartenance religieuse. Ils sont sensibles au témoignage et aux écrits de cette petite carmélite, à peine sortie de l’adolescence, aussi forte que fragile, enfermée dans le secret d’un couvent, et que la mort cueillit dans sa vingt-quatrième année.

Thérèse l’universelle

Partant de ce constat, l’auteur a créé une seconde pièce un peu différente : Thérèse l’universelle. La première, adaptation d’Histoire d’une âme, était biographique. Dans la seconde, Michel Pascal s’affranchit du récit des événements qui ont marqué la courte vie de la sainte pour en tirer la substance. En nous laissant guider par sainte Thérèse, il nous permet de caresser le fil de sa vie jusqu’à sa mort. Cette nouvelle pièce a déjà arpenté quatre continents, et occupe la scène parisienne jusqu’au 31 décembre.

D’aucuns déploreront la quête d’un message universel plutôt qu’un descriptif de l’ascension spirituelle de cette grande sainte de la « petite voie ». Mais telle n’était pas l’intention de l’auteur : « Cette nouvelle pièce sur sainte Thérèse porte sa voix dans le monde d’aujourd’hui par rapport à la foi, aux vocations, à l’universalité du message évangélique : Thérèse nous parle de l’essentiel ici et maintenant. Elle nous enseigne la profondeur de la simplicité, la présence à notre propre vie ».

Et l’on se trouve dans la crypte de Notre-Dame des Champs, dans une sobre atmosphère de prière et d’intériorité. Une heure durant, « soixante vraies minutes toutes neuves »,  on écoute et regarde une sainte Thérèse légère et bondissante, lutine et joyeuse, nous présenter son couvent, sa vie toute simple, certaines de ses sœurs, une part de son cœur.

On peut la trouver un peu exaltée, cette actrice au joli minois, cette Justine à la douce voix. Un peu excessive, un peu fiévreuse. On peut même par moments s’en éloigner, en raison de ce « jeu d’acteur » de l’actrice, qui n’est pas sans rappeler parfois celui du début du XIXe siècle, un jeu à la Sarah Bernardt, avec son charme aujourd’hui un peu désuet. Et pourtant, la petite Thérèse n’était-elle pas sujette à cette ardeur fébrile ? À travers des phrases puissantes, une gestuelle pleine de grâce, un texte imagé, donnant parfaitement à voir la vie du carmel, celle de la sainte, on traverse sa vie avec elle, sans trop se soucier des étapes… mais en spectateur.

De l’observation… à la contemplation

À la fin de pièce, l’esprit bascule et laisse place au cœur. Justine Thibaudat nous rattrape par l’intensité dramatique qu’elle donne à Thérèse, malade et rongée par la nuit de la foi. La musique se fait émouvante. Le jeu des lumières, très présent tout au long de la pièce et qui lui tient presque lieu de décor, soutient un très beau texte, poignant, auquel l’actrice transmet toute son émotion. Et l’on saisit un peu de la souffrance de sainte Thérèse, vivant éloignée de Celui qui faisait toute sa joie.

Le final réunit dans un splendide crescendo des phrases de la sainte, celles qui résonnent familièrement à nos oreilles, celles qui parlent à toute âme chercheuse, car « rien n’est plus concret que Dieu ». Et l’on finit touché par son magnifique salut à la Croix, en fin de pièce, qui n’est assurément pas « joué ». L’actrice salue son public le visage baigné de larmes. Un échange avec elle permet de découvrir que cette sensibilité à fleur de peau n’est pas seulement un jeu d’acteur mais un véritable élan du cœur.

Et l’on sort en comprenant en quoi sainte Thérèse est universelle…

Elle est universelle, car universelle est la soif de Dieu. Universel est le besoin de donner un sens à une vie faite principalement de contraintes et de petits « riens ». Universel encore, le besoin de se nourrir des joies simples qui sont notre vrai lot quotidien.

Sainte Thérèse est universelle parce que dans le secret de son couvent, elle transforme le quotidien en liesse, le service en relation, la prière en action de grâce. Parce qu’elle est amour, toute entière tendue vers l’amour. Parce que, comme le dit Michel Pascal, « Elle nous apprend la différence entre exister et vivre ».

Interview de Justine Thibaudat, l’une des deux actrices en alternance.

Comment vivez-vous ce rôle de la petite Thérèse ?

Ce rôle est très fort physiquement, mais également spirituellement. Incarner sainte Thérèse, ce n’est pas rien ! Cette pièce est un « seul en scène », un format très prenant émotionnellement. Elle me nourrit chaque jour et nourrit ma foi. Elle m’accompagne dans ma vie professionnelle et personnelle. C’est, de toute ma petite carrière de comédienne, le rôle qui me transporte le plus.

Connaissiez-vous bien sainte Thérèse, avant d’endosser son rôle ?

Je la connaissais, mais peu. Je l’ai découverte à la fin de mes études, avant d’être comédienne, en travaillant à la Fondation d’Auteuil. Puis j’ai lu Histoire d’une âme. Mais aujourd’hui, après une quarantaine de représentations, je la découvre chaque jour un peu plus. Des spectateurs me racontent des anecdotes la concernant, témoignant d’expériences personnelles vécues avec elle.

Avez-vous la foi ?

Oui. Je ne vois pas comment une personne pourrait interpréter ce rôle sans un minimum de foi, et d’amour pour Sainte Thérèse. En cela, cette pièce est vraiment particulière. J’y mets mes tripes. Parfois, cela me dépasse un peu aussi. C’est cela qui est magique.

Que désirez-vous apporter à la pièce, à travers votre jeu d’actrice croyante ?

On voit souvent sainte Thérèse comme quelqu’un de grave, de très spirituel… on oublie parfois qu’elle n’avait que vingt-quatre ans lorsqu’elle est morte ! J’aime lui apporter ce côté espiègle, joyeux, taquin. Je la vois comme cela.

Sentez-vous une résonnance particulière de cette pièce dans le cœur de votre public ?

Le public m’aide justement à redécouvrir le texte. Il est parfois plus dans le rire, parfois plus dans l’écoute. Certains ont exprimé le regret qu’il n’y ait pas plus de phrases du poème de sainte Thérèse. Moi je trouve bien que ce poème ne soit pas récité mais incarné. On voit Thérèse qui meurt… mais qui renaît au ciel.

Informations pratiques :

Joué en alternance par Justine Thibaudat et Marie Lussignol jusqu’au 31 décembre 2014.
Crypte de l’église Notre-Dame des Champs, Paris 6e.
Suivi d’une tournée à travers la France.
Informations et réservations : thereseluniverselle.net ; 07 82 92 18 82

Horaires :

Lundi-mardi : 17h et 20h30
Mercredi : 20h30
Jeudi-vendredi : 14h30 et 20h30
Samedi : 20h30
Dimanche : 16h30

Tarifs :
Pré-vente : de 9 à 18€.
+ 2€ sur place.

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