Naguère, la France était d’abord rurale et l’on restait chez soi, même l’été. Le tourisme était surtout réservé aux gens riches, façon Orient-Express, Bugatti et grand hôtel. Est venu ensuite avec les congés payés de 1936 le tourisme populaire, plus limité, avec vélos, petites 4 CV et campings. Nous en sommes maintenant au tourisme de masse parce que bouger est devenu une manie et que les agences et les compagnies de croisières offrent des prix abordables, parce qu’enfin la mondialisation exige que l’on aille… voir ailleurs. Mais que de dégâts !
D’abord, ce n’est plus amusant du tout d’aller voir Versailles, Notre-Dame de Paris, le Mont-Saint-Michel ou les châteaux de la Loire parce que l’on se heurte à des troupeaux de visiteurs, étrangers notamment que nous devons accueillir, mais enfin le Mont-Saint-Michel (que je connais très bien) n’a plus aucun charme avec une effroyable et bruyante cohue dans l’unique rue. À Versailles la ruée au pas de charge de milliers d’Américains ou de Japonais caméra au poing ou à Notre-Dame de Paris le piétinement après une interminable queue gâchent tout. De plus, il n’y a plus dans les quartiers historiques de diversité ou de folklore local puisque, partout, s’ouvrent les mêmes enseignes, les mêmes boutiques, pour ne pas trop dépayser les visiteurs, les rassurer. Un Américain sera ravi de découvrir la fantaisie de nos marchés en plein air, la variété de nos charcuteries et de nos vins, mais n’en usera pas, préférant hamburger et coca.
Et que dire des paquebots géants, monstrueuses villes flottantes comme le « Symphony of the Seas » pouvant accueillir 6 780 passagers, avec 2 100 membres d’équipage ! Quantité de voyageurs ignorent la mer, tout occupés par piscines, patinoire, casinos, salles de spectacle, bars et restaurants gastronomiques avec souvent des formules tout compris (on imagine la consommation de vins et d’alcools…). Mais essayez surtout d’imaginer le débarquement de près de 7 000 passagers dans un petit port italien ou grec, ce n’est plus du tourisme, c’est de l’invasion.
Sans compter que ces monstres participent largement à la pollution en émettant de grandes quantités de particules fines et d’eaux usées, participant à ce qu’est devenue la Méditerranée : une poubelle. Alors, non à l’asservissement de la planète au bénéfice d’une société de loisirs et de consommation !