> DOSSIER « Enquête sur l’Ultra gauche : Entre révolte et impasse »
Emblématiques d’une gauche extrémiste et violente, les Black blocs ne forment pas de groupe groupe vraiment structuré et semblent dépourvus d’une vraie stratégie.
Le terme Black bloc est passé dans le langage courant. Il désigne à la fois des structures temporaires utilisant des tactiques collectives potentiellement violentes lors de manifestations et des groupes d’individus partageant une idéologie justifiant l’usage de ces méthodes. Ce n’est pas un mode d’action spécifique et structuré, mais plutôt une fusion spontanée de courants de pensée. Les « membres » des Black blocs sont généralement issus de l’ultra gauche libertaire ou anarchiste, agissant sans hiérarchie apparente. Ils se caractérisent par leurs tenues noires assorties de masques pour préserver leur anonymat et se protéger de la surveillance policière. Leur stratégie consiste à se rassembler lors de manifestations, souvent dissimulés derrière des bannières ou au sein de la foule, prêts à recourir à la violence contre des cibles symboliques de l’État et du capitalisme selon les opportunités. Ils cherchent toutes les occasions de produire de l’agitation populaire dans une volonté insurrectionnelle de confrontation avec les forces de l’ordre.
Une tactique collective d’action directe
C’est d’abord en Allemagne qu’ils ont émergé dans les années 1980, où des autonomes se sont organisés pour défendre des squats menacés d’expulsion. Cette tactique collective d’action directe s’est ensuite répandue dans les milieux anticapitalistes, internationalistes et antifascistes. Aux États-Unis, elle a été adoptée par le mouvement Anti-Racist Action dans les années 1990. Les Black blocs furent très médiatisés lors des manifestations contre la guerre du Golfe en 1991 et lors du congrès de l’OMC à Seattle en 1999. Sociologiquement, il s’agit d’un mouvement très urbain, principalement issu de milieux privilégiés. Depuis les années 2000, la tactique du Black bloc est utilisée par des anarchistes et leurs sympathisants lors de diverses manifestations et émeutes. Pourtant, certains Black blocs défilent sans violence, exprimant simplement une critique radicale par leur seule présence menaçante. Parfois, de petits groupes apparaissent pour des raisons de solidarité ou pour détourner l’attention des policiers, en focalisant leur surveillance sur eux dans le but de faciliter les actions d’autres militants. Leurs choix tactiques dépendent du contexte politique et du rapport de force. Il est très difficile pour l’État de lutter contre ce mouvement, en raison de sa versatilité et de l’absence de structure visible.