Un an après la renonciation : l’œuvre de Benoît XVI

Publié le 11 Fév 2014
Un an après la renonciation : l'œuvre de Benoît XVI L'Homme Nouveau

Il y a un an, le pape Benoît XVI déclarait qu’il renonçait à la charge de souverain pontife, laissant une Église catholique incrédule et fortement perturbée par sa décision. Les commentaires n’ont pas manqué pour qualifier ce geste historique et, aujourd’hui encore, nombreux sont ceux qui glosent sur les raisons exactes de cette renonciation. Depuis, le Pape François a été élu et l’Église a continué sa route, malgré des accents et un style différents, voire des orientations différentes. Le pontificat de Benoît XVI appartient au patrimoine de l’Église et à l’Histoire. Reste son œuvre théologique ainsi que les différents écrits de genres variés que Joseph Ratzinger-Benoît XVI a laissés. Le professeur Coutau-Bégarie avait établi une bibliographie commentée de cette œuvre qui va jusqu’en 2012. Publiée aux éditions de L’Homme Nouveau sous le titre Ratzingeriana, elle avait été achevée quelques jours avant que son auteur rende son âme à Dieu. Nous publions ci-dessous un extrait de l’introduction d’Hervé Coutau-Bégarie qui ne pouvait à l’époque prendre en compte la renonciation de Benoît XVI ni les derniers écrits de celui-ci.

Flottement et incrédulité

Lorsque le cardinal Joseph Ratzinger a été élu au pontificat suprême et est devenu le pape Benoît XVI, il y eut un moment de flottement et d’incrédulité. Certes, on avait beaucoup parlé de lui durant les derniers mois du pontificat de Jean-Paul II, son homélie lors de la messe pour l’élection du pape avait fait forte impression, mais son âge le désignait plutôt comme le faiseur de roi, celui qui allait arbitrer le conclave, plus que comme le vainqueur de l’élection. Les cardinaux étaient au courant de tous les inconvénients que pouvait représenter la désignation d’un cardinal aussi âgé, aussi lié au pape défunt, de nationalité allemande et doté d’une image de conservateur, sinon de réactionnaire, dans les médias. Et pourtant, ils ont passé outre, tant la personnalité de Joseph Ratzinger s’était imposée, au point de ne laisser place à aucune autre solution.

Les raisons d’un choix

Dans ce choix, de nombreux éléments ont joué : sa capacité d’écoute et sa douceur, bien éloignées de l’image médiatique du Panzerkardinal ; sa parfaite connaissance du fonctionnement de la curie et de l’Église ; sa notoriété au sein du Sacré Collège et dans le monde… Mais il est un facteur qui a dominé et éclipsé tous les autres : son immense stature intellectuelle. Pour paraphraser une formule célèbre, le premier des théologiens est devenu le premier dans l’Église. Joseph Ratzinger se rattache à une génération qui a compté dans ses rangs des théologiens comme Henri de Lubac, Hans-Urs von Balthasar, Marie-Joseph Le Guillou, Louis Bouyer, Yves Congar… tous ces théologiens qui ont dominé les débats à l’époque du concile Vatican II. Un peu plus jeune, Joseph Ratzinger a été reconnu très vite par eux comme leur pair et il est, aujourd’hui, le dernier survivant de cette génération exceptionnelle. Personne ne peut plus lui dénier la première place au sein de la recherche théologique à la fin du XXe siècle. (…)

Une œuvre variée

Coutau begarie

À la diversité des thèmes correspond la diversité formelle des genres. Joseph Ratzinger a commencé par des travaux universitaires classiques : thèses de doctorat, puis d’habilitation, communications dans des colloques, contributions à des ouvrages collectifs, notices dans des dictionnaires et des ouvrages de référence. Il a également, très tôt, été appelé à participer à des travaux quasi-officiels, notamment au sein de la Commission théologique internationale.  En même temps, il n’oubliait pas qu’il était prêtre et, bien que professeur, il n’a jamais rechigné à assurer un service d’église, notamment à travers la prédication, d’où la publication de multiples sermons. Le théologien n’a jamais considéré ce genre comme mineur, à la différence de nombre de ses collègues qui se consacraient entièrement à leur oeuvre. Dans nombre de ses ouvrages, il a mélangé sans hésiter articles de revues et homélies, sans chercher à remanier les secondes pour leur donner une tournure académique.

Informer, commenter et réflechir

Il a également eu le souci d’informer les fidèles de l’évolution des événements, notamment lors du Concile, auquel il participait comme expert, d’où la publication de véritables comptes-rendus après chaque session. Aussitôt traduits en anglais, en espagnol et en italien, ils viennent seulement d’être publiés en français (Mon concile, 2011).

Ultérieurement, la notoriété venant, on a demandé au cardinal Ratzinger de plus en plus d’entretiens. Il n’a pas dédaigné le genre, au point d’accepter que certains d’entre eux deviennent des livres. Son célèbre Entretien sur la foi avec Vittorio Messori, paru en 1985, l’a fait connaître du grand public avec pas moins de 24 éditions en allemand et 9 traductions. Il a récidivé une décennie plus tard, avec trois recueils d’entretiens, réalisés avec le journaliste allemand Peter Seewald, Le sel de la terre (1997) et Voici quel est notre Dieu (2001) qui ont connu, eux aussi, une diffusion très importante, et tout récemment La Lumière (2011).

Pour aller plus loin dans la connaissance de l’œuvre de Joseph Ratzinger-Benoît XVI : Ratzingeriana, bibliographie commentée de Joseph Ratzinger en langue française du professeur Hervé Coutau-Bégarie (+), éditions de L’Homme Nouveau, 172 pages, 17 €

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