Une flèche pour couronner la nécropole des rois de France

Publié le 21 Mar 2018
Une flèche pour couronner la nécropole des rois de France L'Homme Nouveau

En 1837 la flèche de la basilique Saint-Denis, nécropole des rois de France depuis le roi Dagobert, est frappée par la foudre. Fragilisées, cette flèche du XIIIe siècle puis la tour sur laquelle elle reposait seront démontées. Depuis 1847 la façade est restée déséquilibrée. Le démontage a été détaillé pour que la tour et la flèche soient un jour remontées à l’identique. 150 ans plus tard, le 17 mars dernier, après l’achèvement de la rénovation de la façade en 2015, le ministère de la Culture et de la Communication a donné son accord définitif pour le remontage de la flèche. Nous avons interrogé le père Jean Jannin, affectataire de la basilique, sur ce projet ambitieux.

D’où est né le projet de reconstruction de la flèche de la basilique Saint-Denis ?

Depuis très longtemps, plusieurs dizaines d’années, la mairie de Saint-Denis œuvrait pour que la flèche soit rétablie. Il y a toujours eu des réticences, tout un débat avec, entre autres, les monuments historiques, pour savoir s’il fallait entre autres, reconstruire la flèche dans l’état dans lequel elle était avant, ou s’il fallait inventer autre chose, je dirais un peu comme la pyramide du Louvre est un élément moderne dans un espace historique. Ça a été repris depuis peu par l’architecte en chef des monuments historiques. Une association s’est créée : « Suivez la flèche » où se trouvent à la fois des représentants de la mairie, des représentants du clergé (l’affectataire de la basilique, moi-même), et des représentants de différentes communes, toutes les forces vives de la Seine Saint-Denis. L’idée principale qui, je crois, a permis de rassembler tout le monde, c’est qu’il s’agit, bien sûr de remettre en place cette flèche qui avait été démontée et pas démolie*, mais de le faire en associant tous les acteurs du département, avec un autofinancement par les visiteurs qui viendront voir les travaux. Raison pour laquelle le projet va durer au moins 10 ans. 

Le financement sera intégralement fourni par les visiteurs ? 

Voilà, on espère qu’il y aura assez de visiteurs. Il me semble qu’actuellement ils ont fixé, à la suite du projet financier, la visite à 8 €. Il y aura un échafaudage, spécialement conçu pour ce projet avec des plates-formes, des ascenseurs… pour que les visiteurs suivent les travaux. Au sol, il y aura des tailleurs de pierre, qui travailleront devant tout le monde, et qui formeront, au métier de tailleur de pierre, des jeunes qui voudraient s’engager dans cette profession. 

En tant qu’homme d’Église quelle a été votre approche de ce projet ? 

Dès le départ, Mgr Pascal Delannoy, notre évêque, a été favorable au projet. En disant de façon un peu générale : tout ce qui est bon pour les habitants de la Seine Saint-Denis est bon pour l’Église. D’autant plus que ce projet a également pour but, au stade civil, que les Dionysiens, habitants de Saint-Denis, se réapproprient un peu ce chef d’œuvre historique qui est au cœur de leur ville et que beaucoup ignorent. 

Si je voulais résumer, je dirais que ce qui est bon pour l’Homme est bon pour l’Église et pour Dieu, et cela avant même de savoir s’il y aura des retombées au niveau des gens qui fréquenteront la basilique comme paroisse, ce qui est très difficile à prévoir. 

La basilique est-elle actuellement un lieu touristique prisé ? 

Non et c’est bien là un des problèmes. Dès qu’on sort de Paris, qu’on traverse le périphérique, les gens ne viennent plus. L’idée de la flèche, c’est aussi que la région parisienne et Paris particulièrement, se rendent compte qu’au-delà du périphérique il y a aussi quelques chefs d’œuvre qui méritent l’attention. Ce projet veut nous redonner de la visibilité. 

Vous avez été mis sous les projecteurs lors de l’intrusion de militants du « collectif Coordination des sans-papiers » dans la basilique, que pouvez-vous nous en dire ? 

Au niveau local, nous sommes partagés sur cette question. Il y a d’une part la prise en compte de cette misère à nos portes, avec tous ces gens qui dorment dehors et les sans-papiers. Il est vrai que depuis des dizaines d’années, je ne sais pas très bien à quand ce phénomène remonte, Saint-Denis est un peu emblématique pour ces personnes. D’autre part la basilique-cathédrale est un lieu de silence et de prière et doit le rester.

J’ai toujours essayé de leur faire comprendre, parce que je les connais bien maintenant, que ce genre d’actions ne fera pas avancer leur cause. Maintenant que nous sommes en vigie pirate, je leur ai dit que l’État ne laissera pas la basilique-cathédrale occupée. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé. 

Concernant l’occupation du bâtiment en elle-même, il est vrai que c’est un peu traumatisant, pour nous et les chrétiens locaux… c’est quelque chose qui ne peut pas durer, ils cherchent à médiatiser leur combat.

Je tiens à préciser qu’il y a eu beaucoup de débats sur les réseaux sociaux, sachez qu’il n’y a eu aucune profanation ; d’ailleurs l’occupation n’a pas duré plus d’une heure. 

Ce contenu pourrait vous intéresser

CultureLectures

Chroniques pour le passé, leçons pour l’avenir

Entretien | Le dernier livre de Jean-Pierre Maugendre, président de « Renaissance catholique », Quand la mer se retire*, rassemble ses chroniques des vingt dernières années. Loin de l’inventaire morose des difficultés du passé, il se veut un rappel des causes de la tragédie actuelle de la France et de l’Église, destiné aux jeunes générations, pour inspirer et guider leurs combats pour le salut des âmes et la survie de notre pays.

+

passé avenir Quand la mer se retire
CultureLectures

Au théâtre du Roi

Journaliste, critique de cinéma, spécialiste du rock, mais aussi féru de littérature et essayiste, Laurent Dandrieu a publié plusieurs ouvrages sur des artistes du passé. Après Fran Angelico, Le Bernin et les « peintres de l’invisible », il nous offre un essai sur Molière : Le Roi et l’Arlequin.

+

livres 1820 roi

Vous souhaitez que L’Homme Nouveau poursuive sa mission ?