Université de la vie 2019 : la vie à quel prix ?

Publié le 08 Jan 2019
Université de la vie 2019 : la vie à quel prix ? L'Homme Nouveau

Depuis plus de 10 ans, l’association Alliance Vita dont l’objectif clairement affiché est de « décrypter pour informer et mobiliser pour protéger », organise des universités de la vie, autrement dit un cycle de conférences sur plusieurs soirées autour de thèmes qui touchent la bioéthique. Caroline Roux, déléguée générale adjointe et directrice de VITA International, présente l’Université de la vie 2018 pour L’Homme Nouveau. 

Alliance Vita organise en janvier prochain une nouvelle édition de l’Université de la Vie, sur le thème « La vie, à quel prix ? ». Pourquoi ce thème et que recouvre-t-il exactement ?

Ce thème « La vie, à quel prix ? » englobe les questions éthiques posées au niveau national, alors que la révision de la loi bioéthique est en débat en France, mais aussi à l’échelle internationale. On aurait pu croire que la vie humaine serait progressivement plus protégée avec l’abolition de l’esclavage ou la lutte internationale contre le trafic des êtres humains. Pourtant, à notre époque, la valeur attribuée à la vie est au centre des enjeux liés à la procréation. Quand cette valeur devient relative, on aboutit à l’avortement ou à considérer que certaines vies ne valent pas la peine d’être vécues car le fœtus présente un handicap. Et d’un autre côté, les techniques de procréation artificielle permettent de fabriquer la vie avec une nouvelle forme d’acharnement procréatif qui conduit à une surproduction d’embryons humains, à leur sélection, et à leur destruction en grand nombre. Nous sommes plongés dans une nouvelle forme d’eugénisme largement passée sous silence au nom d’une science toute-puissante. En « déshumanisant » le début de la vie, la non marchandisation du corps est remise en question, comme on le voit dans certains pays avec le commerce des gamètes, des mères porteuses et des enfants nés par GPA. 

Avec les biotechnologies, on atteint aujourd’hui la racine de la vie avec le pouvoir de faire des manipulations génétiques au stade embryonnaire qui pourraient aboutir à changer la nature humaine elle-même. 

Cette volonté de maîtriser la vie se retrouve en cas de grande dépendance et de fin de vie avec la tentation de l’acharnement thérapeutique et de l’euthanasie. Plus globalement, l’exclusion grandissante des personnes âgées doit nous alerter sur la manière dont notre société considère la vulnérabilité. À tous les stades de la vie se dessine la même difficulté à appréhender la fragilité humaine. 

Faut-il avoir déjà des connaissances en bioéthique pour suivre ces soirées de formation ?

Ces soirées sont ouvertes à tous justement car elles permettent de comprendre les enjeux bioéthiques pour de se les approprier et d’agir. Ces questions sont fondamentales pour notre existence et celle des générations futures. Elles ne doivent pas être réservées à des experts. Car ce sont avant tout des enjeux humanitaires. 

Concrètement, l’Université de la vie peut être suivie depuis 150 villes en France. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le déroulement de ces soirées ?

L’ensemble des soirées est diffusé depuis Paris en visioconférence. Dans chaque ville, interviennent également des experts ou des témoins locaux. Elles peuvent être suivies aussi dans 16 pays étrangers et dans les Dom Tom, parfois en différé en raison du décalage horaire.

Il s’agit d’un ensemble de quatre séquences qui ont été conçues cette année avec quatre interrogations : La vie à tout prix ? La vie sous condition ? La vie accueillie ? La vie sous pression ?  

Les deux premières soirées aborderont les paradoxes de la procréation et de la fin de vie et de la grande dépendance avec le souci de montrer que l’accueil et l’accompagnement de la vie sont possibles si on a le souci des plus fragiles et qu’on ne cède pas à la tentation de la toute-puissance. La troisième soirée sera davantage axée sur les conditions nécessaires à l’épanouissement de la vie en soulignant la place de la famille, de la solidarité et d’une médecine centrée sur l’humain. La quatrième soirée sera plus prospective. Nous nous interrogerons sur la définition que nous donnons à la vie humaine, notamment par rapport aux animaux et aux robots et aux perspectives transhumanistes. 

A chaque soirée, nous aurons plusieurs intervenants, qui aborderont les sujets sous divers aspects. Ce sont des soirées cadencées en exposés, témoignages, tables rondes qui permettent aux participants d’approcher différentes facettes de chaque thème. 

Chaque année, l’Université de la vie fait intervenir des experts et des témoins, qui seront-ils cette année ?

Nous aurons cette année un beau panel d’intervenants venant d’horizons très divers. 

Parmi les personnalités attendues interviendront Olivier Rey, philosophe, Maître Adeline Le Gouvello avocate de juristes pour l’enfance, le docteur Xavier Mirabel, conseiller médical d’Alliance VITA, Anne Le Brun, psychothérapeute, le docteur Oliver Trédan, cancérologue, et aussi des grands témoins, Clotilde Noël, à l’initiative de Tombée du Nid, Benoit Clermont, auteur de Gaspard entre ciel et terre, Bertrand et Gaëlle Lionel-Marie, responsables bioéthiques des AFC, Sophie et Cédric Barut, auteurs de Je rentrerai avant la nuit et le général Marescaux fondateur d’une œuvre d’aide aux femmes enfermées dans la prostitution. Michael Lonsdale nous parlera de la vulnérabilité. 

Plusieurs experts d’Alliance VITA interviendront également : notre président François-Xavier Pérès, Tugdual Derville, Blanche Streb, Valérie Boulanger et moi-même. 

Qu’attendez-vous de ces soirées de formation ? Espérez-vous qu’elles auront un poids politique ?

Notre premier objectif est de répondre à la demande de formation qui est très forte. Près de 7000 personnes y participent chaque année. Cette formation vise à « comprendre pour agir ». Déjà l’année dernière nous avions contribué à éclairer les participants à la veille des États généraux de la bioéthique. Cette année est particulière avec le débat sur le projet de loi bioéthique. Nous mettrons en lumière les défis devant lesquels nous sommes, notamment concernant l’extension de la PMA qui conduirait à institutionnaliser la privation de père pour les enfants, mais aussi les autres enjeux graves de cette révision. Mobiliser nos contemporains est aussi notre objectif pour agir sur les politiques. 

Comment peut-on s’inscrire à l’Université de la vie et quels sont les tarifs ?

Un site Internet unique gère les inscriptions dans tous les lieux où se tiendra une session de l’Université de la vie les lundis 14, 21, 28 janvier et le 4 février 2019.

Les prix varient suivant les statuts : 33 euros, ou 17 euros pour les étudiants et les chômeurs. Il existe aussi un tarif spécial pour les couples.   

Pour s’inscrire et découvrir le programme : www.universitedelavie.fr

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