Vers le blanchiment des colonnes infernales ?

Publié le 29 Sep 2015
Vers le blanchiment des colonnes infernales ? L'Homme Nouveau

Dans un ouvrage intitulé Les Colonnes infernales : violences et guerre civile en Vendée militaire (1794-1795), un professeur de l’Université catholique de l’Ouest récuse sans état d’âme le terme de génocide et témoigne d’une sympathie douteuse envers les troupes révolutionnaires. Analyse.

L’étude qu’Anne Rolland-­Boulestreau, professeur à l’Université catholique de l’Ouest, consacre aux Colonnes infernales laisse le lecteur sur une curieuse impression. L’on se demande presque, à la lire, si la Vendée, en 1794, fut vraiment victime de crimes de guerre à grande échelle…

Rappelons d’abord les faits, ce que l’auteur omet, s’adressant à un cénacle de spécialistes.

Insurgée en mars 1793 contre le pouvoir révolutionnaire, la Vendée militaire, appellation qui couvre un territoire dépassant de beaucoup le département homonyme, après une série de victoires jugée déconcertante à Paris, subit, le 17 octobre 1793 devant Cholet une défaite d’une telle ampleur qu’elle contraint l’armée catholique et royale à passer la Loire. À la fin de « la virée de galerne », le 23 décembre 1793, la Vendée, écrasée à Savenay, ne représente plus une menace militaire. Il suffirait de laisser les survivants en paix pour éteindre la guerre civile.

Le plan d’extermination

Pourtant, le 17 janvier 1794, le général Turreau, avec l’appui tacite du Comité de Salut public, met en œuvre le plan d’extermination qu’il a imaginé : « douze colonnes mobiles », onze en réalité, arpenteront le pays insurgé d’est en ouest et du nord au sud avec pour consignes de tout détruire et tuer sur leur passage. Les ordres précisent que ni les civils, ni les femmes, ni les enfants, ni les vieillards, ni même les animaux ne doivent être épargnés. Jusqu’à la fin de l’été, avec plus ou moins de succès et en variant les méthodes, ce dispositif sera mis en œuvre.

De l’aveu d’Anne Rolland-Boulestreau, qui se perd dans ses calculs, l’on ne saura jamais combien de « Brigands », appellation générique confondant combattants et civils, ont péri pendant cette période. Elle ne dit pas non plus dans quelles circonstances, qui passent souvent l’imagination. C’est que s’arrêter aux victimes, disserter sur leur nombre ou les tortures indicibles qu’elles endurèrent risque de faire soupçonner un historien de sympathies envers une cause vendéenne assimilable à…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCulture

Ce que l’Europe et l’Amérique doivent à l’Espagne. Entretien avec Marcelo Gullo (1/2)

Entretien partie 1 | Le 7 octobre, l'historien et politologue argentin Marcelo Gullo Omedeo publiait son dernier ouvrage, Lepanto : Cuando España salvó a Europa (Lépante. Quand l'Espagne a sauvé l’Europe). À cette occasion, Arnaud Imatz, docteur en sciences politiques et hispaniste, s’est entretenu avec l’auteur sur l’apport de l’Espagne dans l’histoire de l’Europe et des Amériques.

+

Espagne
CultureLectures

Jeunesse : lectures d’automne

Recension jeunesse | La rédaction de L’Homme Nouveau vous propose une page recension de lectures jeunesse, avec un choix éclairé de quelques histoires à lire ou faire lire, et autres activités. À retrouver dans le n° 1839.

+

lecture livre
CultureArt et Patrimoine

Frère François Mes, le « Fra Angelico du XXe siècle »

Entretien | Converti au catholicisme durant son service militaire, le Néerlandais Jaap Mes (1892-1983) devint moine bénédictin sous le nom de frère François. Envoyé en 1923 à l’abbaye de Wisques, il y demeura jusqu’à sa mort en 1983, laissant une œuvre picturale d’une rare intensité spirituelle. Entretien avec un moine de l’abbaye Saint-Paul de Wisques.

+

Frère François Mes