Pilier de la théologie médiévale, avec saint Thomas d’Aquin, saint Bonaventure fut cardinal, archevêque et général de son ordre. Mais, avant toute chose, un humble religieux franciscain dont les titres ne doivent pas faire oublier la profondeur mystique, la charité incomparable et la dévotion particulière pour l’Eucharistie.
Si l’on a, à juste titre, célébré les centenaires de Thomas d’Aquin, le Docteur angélique, le sept cent cinquantième anniversaire de la mort, à Lyon, le 15 juillet 1274, de Giovanni di Fidenza, plus connu sous le nom de Bonaventure, ne semble pas attirer autant l’attention. Il y a pourtant beaucoup à dire de ce docteur de l’Église, apôtre marial, précurseur de la dévotion au Sacré Cœur, dont les enseignements sur la sainte messe et l’Eucharistie se révèlent d’une surprenante actualité.
Sauvé de la mort
Fils d’un médecin réputé de Bagnoreggio, dans les États pontificaux, où il est né, probablement en 1221, quoique certains préfèrent à cette date celle de 1217, Giovanni a 5 ans lorsqu’une maladie infantile le met aux portes du tombeau. Devant l’impuissance de la médecine, sa mère, Maria di Ritello, qui voue une admiration immense à François d’Assise, supplie le Poverello de lui garder son enfant. Selon que l’on choisit la datation haute ou la basse, la suite de l’histoire varie un peu. Si Giovanni est de 1217, il se peut que François, appelé au secours, soit venu en personne prier à son chevet ; s’il est de 1221, le saint est mort depuis plusieurs mois déjà lors de l’événement. Au demeurant, peu importe, car ce qui compte, c’est la guérison inespérée du garçonnet. Lorsqu’elle comprend que son fils est sauvé, Maria, s’écrie : « O buona ventura ! », ce qu’il faut plutôt traduire par « heureux événement » que par « bonne aventure », surnom qui reste au petit miraculé. En ces époques de foi, chacun sait le prix d’une telle grâce : la vie conservée appartient désormais à celui qui l’a sauvée. Dès ses premières années, l’enfant est donc voué à entrer chez les Frères mineurs.
Attiré par saint François
Bien que son père veuille lui laisser le choix et l’incite à poursuivre ses études universitaires avant toute décision, Giovanni, en dépit de capacités intellectuelles remarquables, préfère à un avenir brillant et mondain la paix du couvent franciscain de sa ville, fondé par frère Pacifique, la « plume » de saint François ; il y prend l’habit en 1243 et le nom…