La bataille de Bouvines (2/4) : La place de Bouvines dans l’histoire de la France 

Publié le 18 Sep 2024
bouvines Philippe II auguste

La Bataille de Bouvines, commandée par Charles X à Horace Vernet puis installée dans la Galerie des Batailles de Versailles.

Célébrée à juste titre à l’époque comme une victoire éclatante, la bataille de Bouvines est restée dans l’histoire un symbole de l’union nationale de la « douce France » autour de son roi. La longévité de cette réputation doit aussi beaucoup à l’historiographie du XIXe siècle jusqu’à la veille de la guerre de 1914.

  Bouvines est l’une des grandes dates de notre histoire, un moment fondateur, aujourd’hui en grande partie oublié. Son huitième centenaire, le 27 juillet 2014, fut discrètement célébré, sans le concours du chef de l’État et des membres du gouvernement, malgré les efforts de ceux qui reconstituèrent la bataille sur place. À l’heure de la construction européenne, célébrer la victoire remportée par la France contre un empereur germanique allié à un roi d’Angleterre et au comte de Flandres ne fut pas jugé opportun. Le patriotisme, soigneusement découragé, n’est désormais toléré qu’à l’occasion de compétitions sportives.

Un grand roi

Le vainqueur de Bouvines, Philippe II, est l’un de nos plus grands rois. Le huitième centenaire de sa mort, le 14 juillet 2023, est passé complètement inaperçu. Ceux qui travaillent à défaire la France n’aiment pas rappeler le souvenir des rois qui la construisirent. Cette attitude est très révélatrice de la conception que nos élites politiques et académiques nourrissent de l’histoire. L’École des Annales a déprécié l’étude de la geste des grandes figures de notre histoire pour privilégier l’analyse des faits économiques et sociaux. Les rois, les héros et les saints ont disparu de l’enseignement, au même titre que la chronologie, ce qui a suscité, au sein de la jeunesse scolarisée, un ennui profond et un désintérêt grandissant. Aujourd’hui, la jeunesse française ignore presque tout du trésor historique dont elle est l’héritière. Elle en est spoliée. Elle est déracinée ; et parce que déracinée, elle ne perçoit pas quel peut être son avenir. La victoire remportée le 27 juillet 1214 par Philippe II sur l’empereur Otton IV et le comte de Flandres à Bouvines fut l’un des moments les plus importants de l’histoire de France. Sa portée politique fut considérable. Bouvines fut notre première grande victoire nationale. Assurément, comme l’a montré récemment l’historien Dominique Barthélemy dans son ouvrage La Bataille de Bouvines. Histoire et légendes [1], les milices bourgeoises n’y ont pas joué le rôle essentiel que le roman national s’est plu à inventer aux confins des XIXe et XXe siècles, à l’heure de la revanche et…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Philippe Pichot Bravard

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneCultureDoctrine sociale

Le règne de l’argent

Carte blanche de Judith Cabaud | Idéaliste et utopique, Péguy, écrivain et poète, élevé dans l’anticléricalisme socialiste de son temps, crut à la valeur de la famille, au travail bien fait et à la patrie pour laquelle il donna sa vie. Il définit ainsi le monde moderne de son époque : « Choisir le plaisir et l’argent, c’est se refuser au travail. C’est le règne de l’argent. »

+

argent péguy
CultureLecturesLiturgie

Au service du chant grégorien

Culture | Fondateur du Chœur grégorien de Paris, Louis-Marie Vigne voulut servir l'Église par le chant liturgique. Un petit livre d'entretiens récemment paru, s'il évoque l'aventure de son œuvre, explique également et présente toute la portée du chant grégorien.

+

grégorien louis-marie vigne