> DOSSIER « Saint Pie X, défenseur de la foi » (70e anniversaire de sa canonisation)
Combattu et condamné par saint Pie X, le modernisme s’était en quelque sorte cristallisé depuis Léon XIII à travers les thèses soutenues par Ernest Renan, Alfred Loisy, Édouard Le Roy ou Georges Tyrrell, dont les méthodes et les idées seront décrites en particulier dans l’encyclique Pascendi Dominici Gregis en 1907.
Si le courant de pensée qu’on désigne sous le nom de « Modernisme » est consacré sous ce nom en 1907 par l’encyclique Pascendi du pape Pie X, il existe cependant depuis déjà plusieurs décennies. Le libéralisme a fait des progrès dans les esprits à l’intérieur même de l’Église sous le pontificat de Léon XIII, qui a essayé de s’y opposer. Deux courants d’opinion, antinomiques de prime abord, s’agrègent en effet au cours du XIXe siècle. La vie de Jésus, écrite en 1863 par Ernest Renan, est le premier résultat de ce creuset. L’une de ces écoles de pensée, rationaliste, est issu des Lumières et de la philosophie allemande, essentiellement kantienne, subjectiviste et agnostique ; elle nie la présence et l’intervention du surnaturel dans la Bible et dans l’histoire humaine et porte aux nues les connaissances scientifiques dont le progrès constant, estime-t-elle, libère l’intelligence des préjugés liés aux croyances. Le second courant est le romantisme qui établit le primat du cœur sur l’intellect, de la conscience et du « moi » sur la réalité objective : le « sentiment religieux » a plus de valeur et d’importance à ses yeux que la foi. Les tenants du modernisme religieux ne sont pas des voltairiens : ils prétendent au contraire faire œuvre d’apologète en dégageant le texte sacré du merveilleux qui l’entoure et en cherchant à l’expliquer à la lumière des sciences positives de l’époque. Mais ce faisant, ils rejettent l’inerrance des saintes Écritures non seulement en matière de foi et de mœurs mais aussi en matière historique ou scientifique.
L’abbé Loisy
L’abbé Alfred Loisy, chargé depuis 1886 par le recteur Mgr d’Hulst de l’enseignement de l’Écriture sainte au tout jeune Institut catholique de Paris, lance une controverse au terme de l’année académique 1891-1892, lors de sa leçon de clôture publiée sous le titre : La composition et l’interprétation historique des Livres Saints. Il y constate que les dates et les époques des événements rapportés par la sainte Écriture ne concordent souvent pas…