Après avoir fait remarquer sa joie de retrouver le contact personnel sans plus parler devant la seule caméra, le Pape poursuit son enseignement sur la prière ; il veut parler du « combat » dans la prière.
Commentaire de l’allocution lors de l’Audience générale du 12 mai 2021
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la prière n’est pas si facile que cela. Elle nous impose non seulement persévérance, mais encore de combattre sans se lasser, jour et nuit. Un jour le diable a dit au Curé d’Ars : « Tout ce que tu fais, je le fais mieux que toi. Je ne mange pas, ne bois pas etc. Il n’y a qu’une seule chose que je ne puis faire : m’humilier. »
La prière est donc un combat. La raison en est facile à comprendre. Puisque la prière est une relation de personne à personne, il semblerait que cela soit impossible avec Dieu. Dieu en effet n’est pas visible à notre regard. Comment pouvons-nous prier correctement ? Dans la souffrance de Job, l’absence silencieuse de Dieu qui était pourtant présence, fut sa grande épreuve : il pouvait penser pour cette raison, à certains moments, que sa prière n’était pas exaucée ni même entendue. Il est bien vrai que la prière n’est pas une promenade. Tous les grands orants de la Bible d’Abraham à Moïse, et de David à Judith n’ont pas connu de prière confortable. Jésus lui-même à Gethsémani ressentit tristesse et angoisse en priant. La prière sera toujours un combat.
La prière n’est pas une simple récitation de bla, bla, bla à l’instar des perroquets. La paix apportée par la prière, l’union à Dieu dans la contemplation n’arrivent qu’au bout d’un long combat intérieur qui peut être très dur et plonger l’orant dans une vraie nuit de la foi qu’à l’image de Job, ont vécue par exemple Thérèse de l’Enfant de Jésus ou Teresa de Calcutta.
Le premier obstacle à la prière, c’est bien sûr la distraction. Il est difficile de faire silence ; le brouhaha d’images, de bruits et d’événements en tous genres ne cesse de se rappeler à notre mémoire. Combien il est facile alors de fuir la prière en faisant autre chose ! Mais il faut continuer à prier même sans consolations. Ne reportons jamais la prière à plus tard : le diable nous trompe si facilement en ce domaine ; il n’aime pas les gens qui prient, car, comme le disait saint Alphonse, « Tout homme qui prie se sauve et tout homme qui ne prie pas se damne ». Or le diable ne veut pas notre salut et c’est précisément en nous empêchant de prier qu’il nous fera facilement tomber en tentation.
Et ce combat peut durer : il est difficile de se concentrer, la nature se rebelle, guettée par le sommeil ou la routine ; l’obscurité se fait de plus en plus profonde etc. Rien, pas même la nuit obscure la plus profonde ne doit nous empêcher de prier. Les obstacles extérieurs ne sont pourtant pas les plus dangereux. Les pires ennemis de la prière sont en nous. Le Catéchisme en nomme quelques-uns en son numéro 2728 : découragement, sécheresses, tristesse, déception et surtout blessure de notre orgueil.
Mais que faire quand tout semble vaciller ? Il n’existe pas de remèdes théoriques. Les exemples des saints et des hommes pieux nous montrent une solution qui peut être possible à nous aussi. Le Pape donne deux exemples : celui de saint Antoine (la même chose est arrivée à sainte Catherine de Sienne) et l’exemple d’un argentin allant implorer Notre Dame de Lujan, malgré l’avis contraire et péremptoire des médecins. Et sa fille fut guérie. Le combat de la prière avait duré pour cet homme toute une nuit. Oui, la prière fait des miracles, quand elle est animée par une vraie foi. C’était celle de Marie à Cana : « Ils n’ont plus de vin ». Disons sans nous lasser à Marie que, nous aussi, nous n’avons plus de vin et faisons alors tout ce que Jésus nous dira de faire.