Ayant le statut d’état, le Vatican entretient des relations diplomatiques avec de nombreux pays du monde. Le 9 janvier, le Pape s’est donc adressé aux membres du corps diplomatique accrédité près le saint-siége, présentant ses vœux pour la nouvelle année.
Depuis les accords du Latran de 1929, le Vatican est officiellement reconnu comme un État jouissant d’un droit de légation actif et passif, entraînant pour les ambassadeurs les prérogatives et immunités du droit international, en ce qui concerne les relations diplomatiques.
Le nombre des représentants diplomatiques n’a cessé de croître après la guerre. Jean-Paul II fit beaucoup pour cela, établissant des relations diplomatiques avec la Grande Bretagne (1982), les USA (1984), tous les anciens pays de l’Est à commencer par la Pologne à partir de la chute du mur de Berlin, puis le Mexique longtemps sectaire (1992), jusqu’à la relation diplomatique avec Israël en 2003.
Benoît XVI et le pape François ont poursuivi dans le même sens, avec la Chine en particulier, même si cela demeure un cas très douloureux. Mais la tradition des relations diplomatiques avec le Saint-Siège remonte à Constantin et les grandes nations européennes arborent une longue tradition dans ce domaine, avec parfois de dures vicissitudes. C’est par exemple à l’exclusive [vote que le conclave peut utiliser pour écarter un candidat au pontificat, NDLR] portée sur le cardinal Rampolla, par le cardinal de Cracovie, au nom de l’empereur d’Autriche, que nous devons l’élection de saint Pie X.
Mais je pense surtout aux relations diplomatiques coupées avec la France, à propos de la laïcité et de la séparation de l’Église et de l’État, en 1905. Les relations ne seront rétablies qu’en 1921 par Benoît XV. Avec ce dernier Pape commence l’apogée diplomatique du Saint-Siège, au XXe siècle. Désormais, le Saint-Siège est devenu la plus grande autorité morale de la planète. Si humainement Benoît XV n’a pas réussi à établir la paix véritable entre les nations européennes, du moins a-t-il eu le grand mérite de parler.
Pie XII l’imitera durant la guerre. Et les papes proclameront la paix du Christ, envers et contre tous ; car, comme l’ont rappelé Jean XXIII dans Pacem in terris, Paul VI lors de son fameux discours à l’Onu, Jean-Paul II, Benoît XVI et maintenant le pape François, cette paix est fondée sur la vérité et la vérité c’est le Christ, en n’oubliant jamais que l’être humain est doté d’une soif innée de vérité. Cela nous permettra de ne pas nous créer notre propre vérité subjective.
Des vœux annuels
Les vœux au Corps diplomatique permettent chaque année au pape, dans un genre identique aux vœux à la Curie, de faire le point sur la paix à travers le monde. Le pape François poursuit ce tracé géopolitique, mais y ajoute ses convictions propres en particulier sur les pauvres à qui il faut apporter la Bonne Nouvelle et les nouveaux esclaves dont on doit proclamer la liberté vraie. Et Dieu sait s’ils sont nombreux à notre époque où les périphéries se multiplient.
Le Pape profite de ce discours pour rappeler l’enseignement de l’Église sur le progrès scientifique, insistant surtout sur l’informatique et l’intelligence artificielle. L’informatique apporte certes des progrès incontestables pour l’humanité, car elle nous permet de simplifier de nombreux aspects de la vie quotidienne. Cependant les limites et les pièges ne doivent pas être tus, car ils contribuent souvent à la polarisation, au rétrécissement des perspectives mentales, à la simplification de la réalité, au risque d’abus, à l’anxiété et, paradoxalement, à l’isolement en particulier par l’utilisation des réseaux sociaux et des jeux en ligne.
Il en va de même pour l’intelligence artificielle. Son essor amplifie les inquiétudes concernant les droits de propriété intellectuelle, la sécurité de l’emploi, le respect de la vie privée et la protection de l’environnement contre les déchets électroniques. Les rapides avancées techniques modernes, avec l’incontestable progrès apporté ont cependant renversé l’ordre des valeurs avec de graves conséquences sur la famille, l’éducation, la liberté religieuse, la culture, etc.
Demandons à Marie de triompher de tous ces maux en ne laissant subsister que le bien de ce progrès et confions-lui aussi les pays gravement menacés depuis la Syrie jusqu’au Myanmar, que cite le Pape dans son long discours que nous avons à peine effleuré.
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