Gabrielle Cluzel réhabilite la maternité face aux nouveaux diktats

Publié le 22 Avr 2025
maternité yes kids

Être mère est une aventure exceptionnelle, rappelle Gabrielle Cluzel, à l’encontre du discours actuel.

image 2 copie maternitéDans Yes kids, Gabrielle Cluzel prend le contre-pied des discours dominants en défendant une maternité assumée, vécue, revendiquée. Mère de sept enfants, elle mêle témoignage personnel et critique sociale pour dénoncer l’effacement des mères dans l’espace public et la défiance croissante envers la natalité. À l’heure où avoir des enfants semble devenu suspect, elle redonne voix à celles qu’on préfère faire taire. Entretien.

 

| Votre ton mêle légèreté, gravité et ironie. Pourquoi avoir articulé un témoignage personnel avec un discours aussi engagé ?

Parce que le sujet de la maternité ne peut pas être traité uniquement de façon abstraite ou idéologique. Il faut l’avoir vécue pour en parler, et surtout pour mesurer à quel point elle est devenue inaudible dans l’espace public. J’ai été très frappée, par exemple, de constater l’absence totale des mères dans le débat sur la réforme des retraites. Pourtant, plusieurs femmes politiques, dans l’hémicycle, avaient des enfants – de Sandrine Rousseau à Marine Le Pen en passant par Yaël Braun-Pivet, et d’autres. Mais la maternité reste un angle mort. Pire : en parler est immédiatement perçu comme suspect, réactionnaire, presque pétainiste. Comme si l’enfant avait désormais une couleur politique ! C’est d’autant plus absurde que la gauche a, autrefois, su écrire de très belles choses sur l’enfance – pensons à Victor Hugo.

| Avez-vous senti que ce rejet allait au-delà des milieux militants ou urbains ?

Complètement. Ce n’est pas qu’un caprice de citadins. J’ai eu un déclic le jour où ma boulangère, en Aveyron, m’a raconté que sa propre fille ne voulait pas d’enfant. Là, j’ai compris que ce rejet diffus de la maternité s’était installé dans toute la société, y compris dans les zones rurales. C’est devenu une forme de norme, ou en tout cas une possibilité socialement validée, encouragée. Regardez cette jeune femme artoise, témoignant sur Brut, qui s’est fait ligaturer les trompes à 20 ans, avec remboursement par la Sécurité sociale. Dans une époque où tout est fluide, réversible, on banalise un acte irréversible. Et pendant ce temps, la Caf nous parle d’ « homme enceint ». L’homme s’approprie même la grossesse sur le plan sémantique, et personne ne bronche.

| Il s’agit donc d’un phénomène plus vaste ?

Oui, la problématique dépasse largement le périmètre de la gauche progressiste. Ce malthusianisme me frappe, d’autant plus qu’il contraste avec…

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Magdeleine Oyhanto

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