Nouveaux mots : l’érosion discrète du rapport au réel

Publié le 21 Mai 2025
> C’est logique ! de François-Marie Portes
Sous couvert d’enrichir la langue, l’ajout de nouveaux mots comme « aplaventrisme » ou « asexuel » traduit moins une vitalité de la pensée qu’un appauvrissement du regard porté sur le réel. Loin de simplement décrire, ces néologismes dissimulent une redéfinition silencieuse des repères moraux et philosophiques fondamentaux.

  Êtes-vous adeptes d’« aplaventrisme » ? Loin de désigner une pratique méditative orientale, ce mot est le signe d’un concept signifiant une « attitude de soumission pour éviter un conflit ». « Selon qui ? », me direz-vous. N’en déplaise à certains, il s’agit de l’un des 150 mots qui viennent se rajouter cette année à notre dictionnaire et donc à notre langue.

Pourquoi un nouveau mot ?

Mais n’existait-il pas déjà un mot pour signifier cette réalité de l’« aplaventrisme » ? Bien sûr que si. Nos amis lecteurs auront bien sûr pensé à la servilité, à l’obséquiosité, à la lâcheté ou à la couardise… Pourquoi donc rajouter un nouveau mot ? Est-ce un enrichissement de la langue ? Il semblerait que ce soit le contraire. Sans connaître ce qu’est le langage nous pourrions nous méprendre sur la réalité du phénomène auquel nous assistons. Sa définition la plus réaliste est triple. Premièrement, le langage désignera l’ensemble des phonèmes et graphèmes signifiant des concepts produits par l’Homme au sein d’une culture donnée. Ainsi le langage désignera « la langue d’un peuple à un moment donné ». Voir augmenter le nombre de phonèmes et par extension le nombre de graphèmes d’une langue, comme voir tomber en désuétude certains usages sont donc les signes qu’une langue est toujours « vivante », comprise dans le troisième sens du mot « langage ». Aussi semblerait-il normal de voir chaque année le dictionnaire augmenter. Deux critères sont alors retenus pour l’ajout de certains mots : le caractère intergénérationnel et non socialement marqué de l’usage du mot ainsi que son emploi largement reconnu. S’arrêter ici serait se contenter de l’approche linguistique de notre thème. Or, le lecteur le sait bien, nous ne pouvons nous contenter de cette réflexion lorsque nous sommes pratiquants de la logique.

Définir nos concepts

Nous avons envisagé le langage en soi, mais en réalité il peut être défini comme une capacité de l’Homme à signifier ses concepts par des phonèmes ou des graphèmes : ici le langage désignera le « fait d’être capable de parler pour…

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François-Marie Portes

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