Le 12 septembre, l’agence Fitch a abaissé la note de la France à A+, pointant une dette au-delà de 113 % du PIB et un déficit persistant. Alors que Paris peine à définir une trajectoire crédible, Rome, longtemps moquée pour son indiscipline, a regagné la confiance des marchés grâce à une consolidation rapide. Explications par Éric Doutrebente, président du Comité de Surveillance de Tiepolo.
Le 12 septembre 2025 restera comme une date symbolique pour les finances publiques françaises. Ce jour-là, l’agence Fitch a abaissé la note souveraine de l’Hexagone de AA- à A+, assortie d’une perspective stable. Pour beaucoup d’observateurs, c’est moins la dégradation elle-même qui inquiète que ce qu’elle révèle : une dette publique qui dépasse désormais 113,7 % du PIB – soit près de 3 500 milliards d’euros – et un déficit qui s’obstine à rester au-delà de 5 % du PIB. Fitch estime qu’en l’absence de mesures crédibles, la dette pourrait grimper jusqu’à 121 % du PIB en 2027, transformant la France en maillon faible de la zone euro.
La France vit à crédit
Depuis des années, Paris vit à crédit. Le choc du Covid puis la crise énergétique ont gonflé des dépenses publiques déjà record, à hauteur de 57 % du PIB. Mais c’est surtout le retour du coût de la dette qui change la donne : après avoir été contenue à 31 milliards en 2019, la charge d’intérêts a atteint près de 70 milliards en 2024 et devrait encore représenter 66 milliards en 2025. Dans un contexte de taux plus élevés, le symbole est brutal : pour la première fois, la France emprunte à dix ans à un coût supérieur à celui de l’Italie, soit 3,48 % contre 3,47 % début septembre. Longtemps moquée pour son indiscipline budgétaire, Rome devient soudain un modèle de rigueur.
L’exemple italien
Car l’Italie, paradoxalement, a réussi son redressement. Encore au bord du gouffre en 2021, plombée par le Covid, des hôpitaux débordés et une dette supérieure à 135 % du PIB, elle était alors l’objet de toutes les moqueries européennes. Mais l’arrivée de Giorgia Meloni en octobre 2022 a marqué un tournant. Sa coalition, donnée fragile, a apporté une stabilité politique inattendue et enclenché une consolidation budgétaire rapide. En deux ans et demi, le déficit italien est passé de 8,1 % à 3,4 % du PIB, ce qui a convaincu Standard & Poor’s de relever la note…








