L’Ordinariat (2/3) | Ordinariat pour les Orientaux : une structure canonique singulière

Publié le 09 Oct 2025
ordinariat orientaux

L’église Saint-Julien-le-Pauvre, la plus ancienne de Paris, abandonnée au fond d’une cour, fut confiée en 1889 aux melkites et devint la première paroisse orientale de Paris. © Guilhem Vellut, CC BY 2.0

> DOSSIER « L’ordinariat : une solution pour la liturgie traditionnelle ? »
Créés au XXᵉ siècle pour rassembler les fidèles des Églises catholiques orientales vivant en terre latine, les ordinariats demeurent une entité atypique, absente du Code de droit canonique et érigée au cas par cas. Confiés à un évêque latin, ils exercent une juridiction personnelle sur des communautés orientales dispersées, cherchant un équilibre délicat entre centralisation et respect des rites propres.

  Des « ordinariats » ont été érigés au cours du XXᵉ siècle pour les fidèles des Églises catholiques orientales résidant en Occident, mais on serait bien en peine de demander leur définition et leur fonctionnement au Code de droit canonique : ni le mot ni la chose n’y figurent. C’était normal pour le Code de 1917, puisqu’ils n’existaient pas, ce ne l’est plus dans le Code de 1983, d’autant que le mot a changé de sens au fil du temps… L’ordinariat est donc une réalité « praeter jus », au-delà du droit, selon le langage des canonistes. Sans doute parce que, toute révérence gardée, il s’agit d’un bricolage ecclésial sans fondement ecclésiologique.

L’origine des ordinariats

C’est dans une simple « note historique » de l’Annuaire pontifical qu’on trouve ce que Rome considère comme l’origine des ordinariats : la lettre apostolique Officium supremi Apostolatus du 15 juillet 1912, qui évoque la nomination d’un évêque « de rite ruthène » au Canada, exerçant une juridiction personnelle sur tous les fidèles ruthènes du pays. L’année suivante, fut précisé que cet évêque était immédiatement soumis au Saint-Siège. En 1924, le Saint-Siège crée deux « ordinariats » pour les Ruthènes des États-Unis, et c’est alors qu’apparaît le mot. En 1948, Pie XII divise l’ordinariat du Canada en trois circonscriptions. Le document parle d’ordinariats mais aussi, comme un synonyme, d’« exarchats ». Par la suite, le terme d’« exarchat » sera réservé aux structures dirigées par un évêque de la même Église orientale, et celui d’ordinariat aux structures que nous connaissons aujourd’hui sous ce nom : des circonscriptions de fidèles orientaux dont l’Ordinaire est un évêque latin. Le premier ordinariat de ce type est créé au Brésil en 1951. Il s’agit d’une formalisation de ce qu’avait déjà édicté le concile de Latran IV (1215) concernant les « populations de langues différentes, ayant des rites et des usages variables au sein…

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Yves Daoudal

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