Les enfants peuvent-ils être canonisés ? C’est la question du cardinal Sarah dans sa préface du livre du Père Argouarc’h : Passion de la Vendée (Via Romana). Vendéen d’origine, ce dernier revient sur l’histoire de son pays, et notamment sur le martyr des 110 enfants des Lucs, assassinés en haine de la foi le 28 février 1794. Les terres de la Vendée militaire sont gorgées de leur sang, semence de chrétienté.
Les mystères douloureux de la Vendée
Le Père Argouarc’h retrace les parcours des colonnes infernales en évoquant les villages de son enfance, appuyé par cartes et croquis. Les descriptions des massacres perpétrés contre les familles catholiques vendéennes sont précises, selon les témoignages recueillis. L’auteur remet à l’honneur les prêtres et évêques vendéens oubliés par l’histoire ; aussi bien les victimes de la révolution que ceux qui ont relevé la Vendée : l’abbé Petiot, guillotiné en 1793, le vénérable père Baudouin, le père Monnereau, les Mgr Deval, Martin et Cazaux. En annexe du livre, le lecteur trouvera tous les noms de ces prêtres martyrs de la Vendée, des missionnaires vendéens, et ceux des enfants martyrs des Lucs.
Malgré les tentatives de Mgr Cazaux, évêque de Luçon, le procès de béatification de ces derniers n’avance pas. Le souci n’est pas tant la canonisation des enfants – la thèse du cardinal Gagnon a ouvert la voie à ce type de procès – que l’absence de réponse de Rome. Mais la Vendée continue de prier pour que la Congrégation des saints s’intéresse à son sort, et pour que les Lucs deviennent un jour un lieu de pèlerinage, source de grâces pour toute la chrétienté.
Le sang des martyrs, semence de chrétienté
Cette passion de la Vendée en fait une région privilégiée aux yeux de Dieu. Son bocage ensanglanté rayonne de multiples vocations religieuses : « 774 prêtres de 1945 à 1964 : c’est le seul diocèse français qui n’ait pas connu la chute des vocations des années soixante. »
Ce sang versé fait de la Vendée la région du Sacré-Cœur. Les Vendéens comprirent très tôt que ce cœur souffrant serait le leur. C’est pourquoi ils le choisirent comme emblème de leur combat, l’arborant fièrement sur leur poitrine malgré le danger que cela représentait. Les vendéens mirent toute leur confiance dans ce Cœur Sacré qui remporta la victoire sur le mal : rares furent les prêtres jureurs et les apostats ; la Vendée est un terreau de saints.
Aujourd’hui encore, c’est à ce Cœur Sacré que les vendéens se confient pour obtenir la béatification de leurs ancêtres martyrs : « Nous vous demandons encore, ô Jésus, que l’exemple de leur mort nous apprenne l’amour de votre Sacré-Cœur et la vraie dévotion au rosaire et que leur céleste protection nous aider à montrer dans tous les actes de notre vie une fidélité chrétienne digne de nos pères ! »
Père Jean-Paul Argouarc’h, Passion de la Vendée, Via Romana, 216 pages, 25 €.
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