Une des plus grandes batailles de notre époque reste certainement le respect de la vie de la conception à la mort naturelle. Dans plusieurs cathédrales de France ont lieu, tous les premiers samedis du mois depuis plus de vingt ans, des rosaires pour la vie. Les méditations des mystères étant chacune rédigée autour de différents thèmes : avortement, euthanasie, famille, etc. Une prière en réparation des offenses qui sont faites à Dieu par toutes les atteintes à la vie humaine et pour la conversion des âmes.
L’association “SOS tout-petits » propose quant à elle des rosaires publics depuis plus de 35 ans. Plusieurs chapelets sont organisés en région parisienne, notamment tous les samedis à 14 heures sur le parvis de Notre-Dame de Paris, mais aussi dans plusieurs villes de province comme Annecy, Bayonne ou Strasbourg. À l’initiative du docteur Xavier Dor, disparu en avril 2020, le mouvement œuvre toujours dans plusieurs villes et reste présent chaque année, en fin de cortège de la Marche pour la Vie. Une pratique qui interroge souvent de nombreux catholiques. Peut-on prier publiquement pour des motifs sociétaux, n’est-ce pas la place de la sphère privée ?
La prière publique peut prendre plusieurs formes : dès lors qu’on ne prie pas que mentalement, c’est une prière publique. Il en est ainsi de toute société qui prie vocalement ensemble, et la prière publique la plus excellente est celle de l’Eglise, principalement la Messe évidemment.
L’Eglise nous invite depuis des siècles à faire des processions publiques de louange à Dieu pour de nombreuses fêtes : Fête-Dieu, le Sacré-Cœur, l’Immaculée Conception, les Rameaux, l’Assomption, etc. Il y a aussi les processions de demande ou de réparation, comme les Rogations pour bénir les récoltes à venir, les pèlerinages et les processions exceptionnelles pour supplier Dieu d’épargner le pays d’un grand mal comme la peste ou la guerre, ou encore les processions de réparation devant une grande injustice commise contre Dieu.b
Pie XI nous y encourage dans l’encyclique Miserentissimus Redemptor, publiée en 1928, sur notre devoir de réparation : « Le devoir de réparation et d’expiation s’impose en vertu d’un motif impérieux de justice et d’amour : de justice d’abord, car l’offense faite à Dieu par nos crimes doit être expiée, et l’ordre violé doit être rétabli par la pénitence ; mais d’amour aussi, car nous devons “compatir au Christ souffrant et saturé d’opprobres”, et lui offrir, selon notre petitesse, quelque consolation. (…) Dès les débuts, en réalité, la nécessité de cette expiation commune a été reconnue, puisque, cédant à un instinct naturel, les hommes se sont efforcés d’apaiser Dieu par des sacrifices même publics. »
La récitation des rosaires publics n’est donc pas un rassemblement politique, utilisée comme moyen de pression ou bien un outil de communication comme les autres mais bien une prière de demande et de réparation adressée au Ciel. Cependant, ces rosaires récités publiquement sont aussi souvent l’occasion de témoigner directement auprès des passants et peuvent devenir une manière d’évangéliser.
Pour aller plus loin sur le Rosaire et son histoire, lire le dossier de L’Homme Nouveau n°1768.