Sur la carte, le Nigeria n’est qu’un pays de taille moyenne, plus grand que le Bénin et le Cameroun voisins, mais plus petit que le Tchad ou le Niger. Cette vision ne rend pas compte du poids qu’il représente. Il abrite la plus grande population du continent, 206 millions d’habitants, et ce nombre devrait doubler d’ici 2050. Les événements qui secouent le Nigeria ont un impact sur toute cette région troublée du globe. Or le pays subit une violence aux formes multiples. Du terroriste jihadiste, qui veut établir un « califat » séparé de l’autorité de l’État, au « coupeur de route » qui organise un « péage » improvisé, les bandes armées sévissent, empoisonnant la vie des Nigérians. Ces derniers constatent jour après jour l’incapacité des forces de sécurité à endiguer ce fléau. Au sein de « l’Aide à l’Église en Détresse », nous recevons régulièrement des témoignages rapportant des attaques contre des paroisses. Certes, la violence n’épargne personne, mais les chrétiens représentent une cible privilégiée pour les groupes armés qui se réclament d’une idéologie jihadiste. Lors de razzias contre des agriculteurs chrétiens, il nous est rapporté que des éleveurs peuls (1) criaient « Allah u Akbar » ou « mort aux infidèles ». Si le conflit traditionnel qui oppose les nomades et les sédentaires n’est pas premièrement un conflit religieux, force est de constater que l’extrémisme religieux s’y greffe. Dans certains cas, des attaques terroristes visent directement le christianisme comme religion. Ainsi, le 5 juin 2022, des assaillants ont attaqué l’église catholique Saint-François-Xavier, à Owo, dans l’État d’Ondo, en pleine célébration de la Pentecôte. Ils ont tué 39 personnes et en ont blessé un grand nombre.
Des élections explosives
Le scrutin présidentiel qui se profile au mois de février 2023 représente un enjeu considérable. « Les élections 2023 feront ou déferont le Nigeria », avertit dans un communiqué « l’Association des chrétiens du Nigeria » (CAN), qui regroupe des clercs catholiques et protestants. Cette association joue un rôle politique en donnant des consignes de vote, en rédigeant des propositions de loi et en se posant comme observateur de la vie politique. Elle a récemment condamné l’attitude de Bola Tinubu, président de l’APC (All Progressive Congress), le parti actuellement au pouvoir. Il a en effet commis une petite révolution en nommant comme colistier un sénateur musulman. Ce candidat, Bola Tinubu, étant lui-même musulman, il aurait dû choisir un colistier chrétien,…