Ce jeudi 3 novembre s’est ouverte la session automnale de l’Assemblée plénière des évêques de France dans des conditions un peu particulières. L’ensemble des discussions se dérouleront cette fois à huis-clos, avec uniquement une conférence de presse publique le dernier jour, le mardi 8 novembre.
Les récentes révélations sur les véritables raisons de la démission de Mgr Michel Santier soulèvent de nombreuses questions auxquelles les responsables ecclésiastiques devraient répondre. L’évêque émérite du diocèse de Créteil avait donné sa démission le 6 juin 2020, décision motivée officiellement pour des raisons de santé. Mgr Dominique Blanchet ne prendra sa suite qu’en janvier 2021.
Le 14 octobre dernier, Famille Chrétienne révèle pourtant que le Vatican avait émis à l’encontre de Mgr Santier des mesures disciplinaires en octobre 2021 pour abus spirituels à des fins sexuelles commis sur deux majeurs dans les années 1990 dans le diocèse de Coutances (Manche), lorsqu’il était prêtre. Des révélations faites par la presse plus d’un an après son départ qui ont suscité une profonde colère chez les catholiques français.
En fin de semaine dernière, des fidèles se sont rassemblés devant certains évêchés et cathédrales avec comme message : “Sortons les poubelles”, pour dénoncer l’absence de transparence dans la gestion des abus par la hiérarchie de l’Eglise. Ce n’est pas seulement les abus en tant que tels qui sont mis en question dans cette affaire, mais également le silence total des autorités ecclésiastiques.
Ces dernières semaines, des appels à témoin ont été lancés de victimes éventuelles de l’évêque émérite. Mgr Olivier de Germay, archevêque de Lyon, a tenu à préciser publiquement que tous les évêques n’étaient pas au courant des faits, que pour sa part chaque signalement est porté au parquet, et que « dans l’attente de la décision de justice une éventuelle communication ne peut alors se faire qu’en respectant le secret de l’enquête ».
Mgr Eric de Moulins Beaufort, président de la Conférence des évêques de France (CEF), a annoncé que le programme de l’Assemblée plénière avait été adapté en raison du contexte. Les temps de travaux collectifs devraient aussi porter sur la fin de vie, la question de la participation des laïcs, les difficultés financières des diocèses, mais aussi la restructuration de la CEF dont la dernière réforme date de 2005. Un huis-clos est annoncé dimanche matin sur l’application dans les diocèses du motu propio “Traditionis Custodes”.
Les évêques se rassemblent deux fois par an sous cette forme depuis 1966, au printemps et à l’automne. En dehors de certaines circonstances exceptionnelles, la tradition veut que la rencontre ait lieu dans le sanctuaire marial, au cœur des Pyrénées. Une préférence spirituelle qui place l’Église de France sous la protection de la Mère de l’Église mais qui se justifie également par un éloignement de Paris permettant une certaine tranquillité.