Rerum Novarum : les organisations professionnelles (IX)

Publié le 15 Mar 2022
rerum novarum

Léon XIII s’est attaché dans Rerum Novarum à traiter la question de la légitime intervention de l’État dans le domaine social et économique aussi bien au plan général (Reconstruire n° 8) que dans certains domaines particuliers (Reconstruire n° 11). Pourtant, conscient que l’intervention de l’État peut conduire à des abus, il marque sa préférence pour une plus grande place donnée aux associations professionnelles.   Qu’entend exactement Léon XIII par la formule d’« associations professionnelles » ? Après avoir exposé la situation catastrophique de la classe ouvrière à son époque et avoir indiqué les principes des « vrais remèdes » à y apporter, le Souverain Pontife consacre la dernière partie de son encyclique à la place et au rôle des associations professionnelles. Dans son esprit, si celles-ci peuvent (et doivent) apporter des secours pour aider les familles, les veuves et les orphelins, et plus généralement ce qui ressort de ce que l’on appelle la sécurité sociale, leur rôle est bien plus large et appartient à l’organisation du métier et de la vie économique. Très explicitement, Léon XIII fait ici référence aux corporations et esquisse une organisation sociale corporative qui sera largement développée par Pie XI dans l’encyclique sociale Quadragesimo anno. Ce dernier en donnera une description très claire : « Les corporations sont constituées par les représentants des syndicats ouvriers et patronaux d’une même profession ou d’un même métier et, ainsi que de vrais et propres organes ou institutions d’État, dirigent et coordonnent l’activité des syndicats dans toutes les matières d’intérêt commun. » Pour sa part, Léon XIII postule aussi bien l’existence de corporations ouvrières que de corporations mixtes (ouvriers/patrons). Sans leur donner le nom de corporations, le pape Jean-Paul II reviendra sur cette nécessaire union des ouvriers et des propriétaires : « En définitive, dans cette communauté (de travail, ndlr), doivent s’unir de quelque manière et les travailleurs et ceux qui disposent des moyens de production ou en sont propriétaires. À la lumière de cette structure fondamentale de tout travail – à la lumière du fait que, en définitive, le “travail” et le “capital” sont les composantes indispensables de la production dans quelque système social que ce soit –, l’union des hommes pour défendre les droits qui leur reviennent, née des exigences du travail, demeure un élément créateur d’ordre social et de solidarité, élément dont on ne saurait faire abstraction » (encyclique Laborem exercens, n. 20) Quels sont les caractères…

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