Alain de Benoist a une œuvre abondante d’essayiste, de bibliographe et parfois d’historien – ses livres sur Jésus sont, par leur méthodologie, inacceptables. On le découvre poète. Il a publié aussi dans le passé une année de son journal et des mémoires, sous forme d’entretiens. Cette fois, il s’agit de courtes pensées ou de réflexions plus longues, notées au fil des ans, sans qu’elles soient datées. On retrouve dans ce recueil tout à la fois les idées fixes d’Alain de Benoist, ses éclairs de lucidité, son goût des citations. On aimera, bien sûr, cette citation de Maurras : « Une virgule à sa place, c’est déjà une victoire contre le chaos. » On sera moins convaincu par cette simplification caricaturale d’Alain de Benoist : « Les Italiens sont inconstants, les Français sont pusillanimes, les Allemands sont malléables. » On peut partager le même souvenir que lui : « le deux pièces-cuisine où il [Raymond Abellio] vivait plutôt chichement » et où il recevait ses visiteurs pour de longues conversations. Quand il parle de la Bible et du christianisme, Alain de Benoist multiplie les approximations. Par exemple : « Les contes commencent toujours par la même formule : “il était une fois”. La Bible ne fait pas exception : “Jahvé une fois”. » La Bible ne commence ni par « Jahvé » ni par « une fois ». Le texte hébreu dit : Bereshit bara Elohim et hashamayim veet haaretz (Gen. 1, 1), ce qui est traduit traditionnellement par « Au commencement Dieu [Elohim] créa le ciel et la terre. » Ailleurs, Alain de Benoist affirme : « la mort du catholicisme commence avec la Contre-Réforme […] elle a tué la religion populaire ». Non, le concile de Trente n’a pas « tué la religion populaire » ; il lui a, si l’on veut, donné une légitimité doctrinale. Contre l’iconoclasme protestant, il a défendu le culte des saints, encouragé les dévotions eucharistiques, sans parler des pèlerinages qui ont connu leur plus grand essor aux XIXe et XXe siècles. On apprécie qu’Alain de Benoist renie le « réductionnisme », les « idéologies biologisantes » dans lesquelles il a pu verser jadis. On doit louer sa lucidité : « j’ai voulu créer une école. Je n’y suis guère parvenu ». En effet, il a eu et il a des lecteurs, des admirateurs, mais pas de disciples, au sens où Socrate, saint Thomas d’Aquin ou Maurras en ont eu ; le vrai disciple n’étant ni un imitateur, ni un répétiteur. On relèvera encore cette juste remarque : « On taxe aujourd’hui d’antisémitisme ceux qui pensent que les Juifs exercent une influence…
Conte | Noël, le quatrième roi mage… (1/3)
Un conte chrétien inédit par Jean-Luc Delle, paru en entier dans le n° 1822.