Réseaux sociaux : Retrouver Dieu dans le temps présent (3/4)

Publié le 23 Fév 2023

Auteur de nombreux ouvrages de spiritualité à destination des laïcs, prêtre de la société Saint-Jean de la Croix et docteur en théologie, le père Huot de Longchamp prend du recul pour formuler un jugement sur les réseaux sociaux : sont mis en perspective le temps donné à Dieu, la vie intérieure, la rencontre avec l’autre et l’évangélisation… Explications.   « On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas tout d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure.»  Bernanos a écrit cette phrase en 1947, vous paraît-elle toujours d’actualité ? Qu’est-ce qui, vous semble-t-il, menace cette vie intérieure aujourd’hui ? Bernanos vivait dans cette lucidité intérieure qui caractérise les grands mystiques, et tous les mystiques assurent que le monde ne peut pas comprendre ce qu’ils expérimentent comme l’évidence du réel. Le réel, c’est Dieu, « lui qui est l’être de toute chose et sans lequel rien n’est rien », nous dit saint Bernard, si bien que Dieu entre en nous par le fond de notre être, là où nous naissons à nous-mêmes dans la conscience d’être quelqu’un. C’est dire que toute vie intérieure suppose le recueillement, l’accueil de nous-mêmes qui est en même temps accueil de Dieu : « que je me connaisse, et je te connaîtrai », dirait saint Augustin. Il est vrai que le vacarme, la vitesse, la gesticulation qui caractérisent notre siècle s’opposent massivement au recueillement. Aux siècles de Chrétienté, tout renvoyait à notre vie « cachée en Dieu avec le Christ » (Col 3, 3), si bien que vous ne trouverez pas de frontière nette dans la règle de saint Benoît entre les temps d’oraison et les temps de travail, et que le cultivateur labourait en semaine en sachant que le fruit de la terre deviendrait pain de vie éternelle le dimanche. Le matérialisme postchrétien ne s’oppose pas tant à l’expérience mystique – qui ne dépend que de Dieu et que personne ne peut empêcher – qu’à cette ouverture à l’au-delà qui est un autre nom de la foi. Ce qui me semble avoir une double conséquence : une ruée vers les satisfactions immédiates pour remplacer un au-delà disparu, et lorsque l’expérience de Dieu s’impose quand même, une incapacité à le reconnaître qui conduit aux formes les plus extravagantes de recherche de l’absolu. Ce n’est pas la grâce de Dieu qui fait défaut à notre époque, mais…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Maitena Urbistondoy

Maitena Urbistondoy

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneSociétéLettre Reconstruire

L’Église face au socialisme (II)

Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024) | Dans la série de ses études synthétiques sur les idéologies modernes, Carlos Sacheri aborde le socialisme et le jugement de l’Église sur cette réaction aux injustices sociales nées du libéralisme économique. Il présente ici les points communs à toutes les idéologies socialistes.

+

socialisme
SociétéLectures

L’inégalité, un outil de civilisation ?

Entretien | Juriste et historien, Jean-Louis Harouel s’attaque dans un livre récemment paru au mythe de l’égalité. Il postule que cette « passion laide » contemporaine, destructrice de la famille, entre autres, ne sert en rien les intérêts d’une population, en montrant que seule l’inégalité, créatrice de richesses, encourage la production et par là-même augmente le niveau de vie et conditionne le progrès moral et scientifique. Entretien avec Jean-Louis Harouel sur son livre Les Mensonges de l’égalité. Ce mal qui ronge la France et l’Occident.

+

égalité mythe
SociétéEglise de France

Pandémie : un avant-goût de la restriction des libertés fondamentales ?

Entretien | Le colloque « Pandémie, Droit et Cultes » s’est tenu à Paris en mars 2022. Ses actes rappellent qu’entre 2020 et 2022, les prérogatives de l’État ont été augmentées de manière extraordinaire au détriment des libertés essentielles, dans un renversement complet de la hiérarchie des biens. Une situation dangereuse qui pourrait bien se reproduire sous des prétextes variés. Entretien avec Guillaume Drago, co-organisateur du colloque et professeur de droit public à l’université de Paris-Panthéon-Assas.

+

pandémie liberté de culte