Inspirés par la haine de Voltaire et des révolutionnaires de 1793, excités par des journaux orduriers et leurs calomnies, les communards fermèrent et pillèrent les églises, interdirent l’habit religieux, emprisonnèrent les prêtres et finirent par de brutales exécutions. La période insurrectionnelle de la Commune de Paris a duré près de deux mois. Le changement de régime politique, la misère ouvrière, la défaite française de Sedan face à la Prusse, le terrible siège de Paris qui affama la capitale pendant plus de quatre mois, ont engendré comme un cocktail explosif dans les mentalités de la capitale. La gauche révolutionnaire, héritière de 1793, a voulu renouer avec la sinistre épopée de ses fondateurs. Parmi les revendications idéologiques de cette tendance politique, la lutte contre l’Église constituait un principe majeur qui perdura tout au long de la IIIe République et anima les milieux socialistes, en France et à l’étranger, jusqu’à notre époque.
La propagande anticatholique
« Écrasons l’infâme », disait Voltaire. « À bas les calotins ! » répéteront ses lointains héritiers. L’anticléricalisme de la Commune ne s’est pas fait tout seul. Comme en 1793, l’Église et les « privilégiés » (les bourgeois ayant succédé à la noblesse comme ennemis du peuple, dans l’imaginaire collectif) furent visés pour leurs liens avec l’Ancien Régime (le Second Empire en l’occurrence) et avec la république bourgeoise de Thiers et consorts. Les meneurs du pouvoir insurrectionnel parisien connaissaient bien les honteuses méthodes pour livrer leurs ennemis à la vindicte d’un peuple affamé, crédule et surexcité. La presse joua alors sa partition, donnant dans la diffamation et le saccage, quitte à oublier les « efforts caritatifs incessants » (1) de tant de congrégations. En avril 1871, Le Cri du peuple publiait les résultats d’une enquête digne d’un mauvais roman policier : on aurait retrouvé les restes de jeunes femmes victimes du clergé dans les cryptes de l’église Saint-Laurent. Le même canard s’indignait ensuite de prétendus « squelettes d’enfants étouffés en naissant par les bonnes sœurs » (2) de Picpus. Quant au Père Duchesne ressuscité, véritable feuille de chou ordurière, il invitait, dans sa lettre du « 3 prairial an 79 », à « f… au bloc la famille de calotins qui fréquente la boîte » (3), c’est-à-dire l’église. Nous n’irons pas plus loin dans ce sinistre florilège de grossièretés. Une chose était sûre pour le communard pratiquant, « Qui dit calotin, dit ennemi du Peuple ! » (4)
Une législation digne de la Terreur
Dignes fils de 93, les ténors de la Commission exécutive prétendirent…