Il y a 45 ans, Paul VI instituait au 1er janvier une Journée mondiale pour la Paix. Depuis, les papes adressent à l’Église universelle un message, car dans la pensée des papes, la paix n’est pas « un piège » (cf. Jb 15, 21), elle n’est pas « un mensonge établi »(cf. Jr 6, 14). Non, la paix est un don de Dieu et c’est le Christ, son Fils unique, qui seul, par son mystère pascal, peut accorder la paix véritable. Sans lui, il ne peut y avoir de conception authentique de la paix.
Bien avant la création de cette Journée mondiale de la Paix, les papes depuis Léon XIII œuvraient déjà pour la paix. Saint Pie X était mort juste avant la guerre, « il guerrone », après avoir tout fait pour l’éviter. Benoît XV, vrai martyr de la paix comme le sera plus tard Pie XII, essaya d’arrêter, avec le bienheureux Charles de Habsbourg, ce fléau fratricide. Calomnié par tous, il ne cessait de dire : « Tous sont mes enfants ». Pie XI aussi, tout en condamnant fermement les totalitarismes, essaya d’éviter la guerre. Malgré des paroles très fortes : « Avec la paix tout est possible, avec la guerre tout est perdu », Pie XII ne put éviter le pire, mais il laissa un grand enseignement sur la paix. Jean XXIII un mois avant sa mort donna son encyclique à la paix. Ces enseignements pontificaux forment tout un ouvrage, La Paix intérieure des nations, présenté par les moines de Solesmes (1). Les messages pontificaux pour la Journée mondiale de la Paix mériteraient une publication soignée analogue, car il y a là un enseignement théologique et anthropologique sur la paix vraiment exceptionnel.
Sans doute très marqué par les JMJ de Madrid, Benoît XVI consacre ce message-ci à la jeunesse dont il attend beaucoup. Le thème de l’éducation avait déjà été abordé à plusieurs niveaux par Jean-Paul II. En 1985, année des premières JMJ à Rome, le pape bienheureux consacra son message à la jeunesse : « La paix et les jeunes marchent ensemble », mais son premier message (1979) était consacré au même thème avec ce titre significatif, « Pour parvenir à la paix, éduquer à la paix ». Jean-Paul II reprit ce thème à la fin du pontificat (2004) : « Un engagement toujours actuel, éduquer à la paix ».
Benoît XVI le reprend à son tour, avec son charisme propre de synthèse et dans la logique de ses messages précédents. Comme ses prédécesseurs, il souligne combien le manque d’éducation si grave à notre époque provient et génère en même temps une crise sans précédent de la famille, pas même dans l’Empire romain. Une « nouvelle alliance pédagogique de tous les sujets responsables » s’avère de première nécessité et, fidèle au grand principe de la doctrine sociale de l’Église qu’est le principe de subsidiarité, le Pape entend bien le rappeler haut et clair.
Ce message reprend les idées chères au Pape : à des jeunes tentés par le désespoir face à un monde qui peut apparaître sans débouchés, il rappelle l’importance de l’espérance si proche pour lui de la foi au point de se confondre avec elle dans la confiance, non pas au sens luthérien, mais plutôt thérésien. À une jeunesse tentée de devenir esclave d’une fausse liberté, il rappelle la gloire de la liberté des fils de Dieu toujours liée à la vérité. À une jeunesse menacée par la culture de la mort, il rappelle l’importance de la vie. Aux jeunes souvent sans idéal, il rappelle toutes les vertus chrétiennes qui doivent faire d’eux des membres vivants de la société et de l’Église. Avec le Pape, ne désespérons pas de la jeunesse, mais éduquons-la, surtout par l’exemple d’une vie chrétienne cohérente, éduquons-la non seulement à la paix, mais à la vérité tout entière dont l’Église garde fidèlement le dépôt.
1. Les enseignements pontificaux, La Paix intérieure des nations, Desclée et Cie, 1962, épuisé.