Le goût du sensationnel et une fausse image de Dieu tordent le vrai sens des prophéties. Que cherchent vraiment à nous dire le Christ ou la Vierge en évoquant des châtiments effrayants dans leurs apparitions ? C’est la seule vraie question à se poser pour obéir à la volonté divine qui s’y manifeste.
Il faut l’avouer : nous aimons nous faire peur… Plus une apparition mariale ou supposée telle s’accompagne d’un message annonciateur de catastrophes, plus elle va connaître de succès, allant parfois jusqu’à engendrer, chez des chrétiens fervents, de véritables psychoses qui les poussent à tout abandonner afin d’aller se mettre à l’abri dans des endroits prétendument privilégiés supposés devoir être épargnés par le châtiment. D’autres, au contraire, voient dans ces messages, y compris ceux que l’Église a authentifiés, la perpétuation de l’image d’un Dieu cruel, sadique, maître chanteur qui s’amuserait à terrifier ses créatures et menacerait de les exterminer pour les obliger à obéir, image dont il faudrait se débarrasser.
Crainte ou amour ?
En fait, il existe un juste milieu entre cette soif de merveilleux, serait-il terrifiant, qui fait courir les foules parce qu’il se révèle plus excitant que la monotonie ordinaire de notre vie chrétienne, et ce rejet méprisant de tout avertissement, tout appel à la conversion et la pénitence qui « caricaturerait le Dieu d’amour » et inciterait à le craindre plutôt qu’à l’aimer. Cela pousse à s’interroger sur l’idée que nous nous faisons aujourd’hui de Dieu, de sa justice, dont on ne parle plus, de nos devoirs envers lui et des fins dernières, oubliées puisque « nous irons tous au paradis ». Entre le Dieu tyran et le Dieu bêlant et béni-oui-oui, les prophéties, quand elles sont reconnues et authentifiées par l’Église, ont le mérite de rappeler, et c’est ce qui dérange d’ailleurs, notre statut de créatures dépendantes. Voulons-nous nous reconnaître nés de l’amour gratuit d’un Créateur qui, étant tout n’a pas besoin de ce qui n’est rien ? Et plus encore redevables à un Rédempteur qui embrassa par pur amour notre condition humaine afin de nous soustraire au châtiment éternel qui nous attendait ? Voilà la vraie question.
Des avertissements répétés
Or les prophéties de type apocalyptique, annonçant des châtiments qui pourraient être les derniers, si elles existent de très longue date, commencent justement à se multiplier à la fin du XVIe siècle, quand une société occidentale en train de se…