Jubilé 2025 (2/4) : Espérer contre tout espoir 

Publié le 11 Jan 2024
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Statue en albâtre représentant l'Espérance par Jacques Du Brœucq, Collégiale Sainte-Waudru de Mons (Belgique). © Jean-Pol GRANDMONT

Le jubilé 2025 aura pour thème « Pèlerins d’espérance ». Quelle différence entre espérance et espoir ? Bien qu’il n’existe qu’un terme en latin et en grec, on peut distinguer les deux par leur nature et leur objet, l’espérance relevant d’un ordre beaucoup plus élevé que l’espoir. Une différence essentielle puisque l’espérance conditionne toute l’orientation d’une vie vers son destin éternel.

  En grec « elpis », en latin « spes » : un même mot désigne l’espoir et l’espérance. Le premier existe même chez les bêtes et se montre parfois plus véhément chez les personnes ivres, écrit saint Thomas d’Aquin (1), tandis que l’autre est ordonnée à Dieu en tant qu’il nous promet la béatitude éternelle. C’est donc à deux endroits différents de son œuvre que le docteur traite de l’espoir – passion de l’âme – et de l’espérance – vertu théologale.   

Qu’est-ce que l’espoir ?  

Aux termes d’Aristote et saint Thomas, l’espoir est une passion de l’irascible, c’est à dire un mouvement de l’affectivité relatif à un bien ou un mal ardu, difficile à obtenir ou à éviter. En le distinguant des autres passions de l’appareil affectif humain, la philosophie fait apparaître l’espoir comme un dynamisme qui porte vers un bien (2) futur (3), difficile à obtenir (4), mais cependant atteignable (5). En tant que passion (on pourrait parler aussi d’émotion), il est un dynamisme de l’affectivité, une énergie intérieure de l’être face à un bien ou un mal présent ou absent. Saint Thomas d’Aquin peut ainsi dire que l’espoir aide à agir, puisqu’il excite l’attention, ajoute au désir d’un bien la possibilité de l’atteindre : il cause même une délectation anticipée qui soutient l’opération (6). En tant que passion, l’espoir est un mouvement de l’affectivité, neutre en lui-même et qui doit être réglé par la vertu, afin d’éviter de tomber dans les écueils opposés de la témérité ou de la pusillanimité.   

L’espérance, vertu théologale 

Ce qui concerne la passion d’espoir se retrouve, mais transposé en un ordre infiniment supérieur, dans l’espérance chrétienne. Le bien lointain après lequel l’âme soupire est Dieu qui promet le bonheur éternel, rendu atteignable en vertu de son aide bienveillante  L’espérance est donc quant à elle une vertu théologale : une disposition permanente imprimée en notre âme et qui nous réfère immédiatement à Dieu. À la différence des vertus morales, ces vertus n’ont pas pour objet…

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Abbé Paul Roy (FSSP) 

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