L’onction du saint chrême, sceau spirituel

Publié le 13 Avr 2017
L’onction du saint chrême, sceau spirituel L'Homme Nouveau

Alors que l’Église s’apprête à célébrer la Passion du Christ, s’accomplit une cérémonie à première vue sans rapport : la bénédiction des saintes huiles. Primitivement, cette bénédiction avait lieu en tout temps, mais le Sacramentaire gélasien (Ve-VIe siècle) lui assigne le Jeudi saint, sans doute à cause des baptêmes de la nuit pascale. Si plusieurs huiles y sont bénites, c’est surtout le chrême – mélange d’huile et de baume – qui est à l’honneur, d’où le nom de messe chrismale. En 1955, la messe de la Cène fut ramenée au soir et la messe complète de bénédiction des huiles a été rétablie. Après 1970, il a été permis de la célébrer un autre jour proche de Pâques.

Trois huiles

Trois huiles sont bénites : celle des catéchumènes, celle des malades et surtout le chrême. Alors que les deux premières pouvaient être bénites par de simples prêtres, c’est toujours à l’évêque qu’a été réservée la consécration du chrême. Il « sert à oindre les nouveaux baptisés, à signer les confirmands, à oindre les mains des prêtres et la tête des évêques à leur ordination, les églises et les autels pour leur dédicace. L’huile des catéchumènes sert à préparer et disposer les catéchumènes au baptême. L’huile des malades est utilisée pour soulager les malades » (Cérémonial des évêques [1984], n. 274). En nous limitant au chrême, voyons brièvement ce que les textes de la liturgie nous enseignent sur son symbolisme.

D’après la préface (1955), il manifeste la sainteté donnée au baptême, après l’eau de la rémission des péchés : « Faites que cette huile (…) devienne pour ceux qui vont renaître par l’eau du baptême le signe sacramentel du chrétien parfait. Que chaque baptisé imprégné de l’onction sanctifiante, libéré de la corruption première, désormais temple de l’Esprit, répande la bonne odeur d’une vie pure ». La préface consécratoire évoque aussi cette même complémentarité : après le déluge, image du baptême, la branche d’olivier apportée par la colombe signifie le retour de la paix.

Cette même préface nous renvoie à Celui qui a reçu l’onction par excellence, Jésus, dont le nom Christ signifie « oint » : au Jourdain, le Père, en envoyant sur lui le Saint-Esprit, l’a désigné comme son Fils bien-aimé et a « attesté (…) qu’Il était bien Celui qui devait être choisi entre tous pour recevoir l’onction d’allégresse ». En recevant au baptême cette onction de chrême, le chrétien est configuré au Christ et appelé à la vie éternelle.

Mais il y a une autre configuration au Christ : le sacerdoce. La nouvelle préface de la messe (1970) en développe la théologie, en s’adressant au Père : « Par l’onction du Saint-Esprit, vous avez constitué votre Fils unique pontife de l’alliance nouvelle et éternelle et par une disposition ineffable, avez fermement établi que soit perpétué dans l’Église son unique sacerdoce. (…) En son nom, [les prêtres] renouvellent le sacrifice de la Rédemption en préparant pour vos fils le repas pascal ; ils vont au-devant de votre peuple pour le nourrir de votre parole et le faire vivre de vos sacrements (…) » (trad. privée).

Ainsi, Paul VI a-t-il voulu qu’à cette occasion les prêtres renouvellent leurs engagements devant l’évêque. Celui-ci demande ensuite aux fidèles de prier « pour (leurs) prêtres : que le Seigneur répande sur eux ses dons en abondance, afin qu’ils soient les fidèles ministres du Christ Souverain Prêtre, et (les) conduisent à lui, l’unique source du salut ». À l’approche des célébrations du don total du Christ pour notre salut, n’est-il pas tout à fait indiqué d’implorer le Père pour ceux qui perpétuent son sacerdoce ?

Ce contenu pourrait vous intéresser

EgliseLiturgie

L’Ascension du Christ est notre propre élévation

L'esprit de la liturgie | Jésus montant au ciel est cause de joie pour les apôtres car, avec lui, la nature humaine est élevé à une dignité plus haute et « la captivité est emmenée captive ». Et leur égarement ne durera pas puisqu’il leur a promis le Consolateur.

+

ascension
A la uneEgliseDoctrine socialeMagistère

Dignitas infinita, quels fondements philosophiques ?

Entretien | La dernière déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Dignitas infinita, datée du 2 avril 2024, revient sur la dignité et sur les droits de la personne humaine. Le texte fait référence à la Déclaration des droits de l’homme de 1948 et s’appuie sur le personnalisme catholique développé au XXe siècle. Explication par Guilhem Golfin, docteur en philosophie et professeur à Paris, contributeur de l’ouvrage La Dignité humaine. Heurs et malheurs d’un concept maltraité. 

+

Dignitas infinita
A la uneEgliseEglise de France

Mobilisation pour le maintien de la Tradition en Finistère : « Nous ne comprenons pas les raisons de cette expulsion »

Entretien avec Joseph, membre de l’organisation de la mobilisation pour le maintien de la tradition dans le Finistère. Deux prêtres de la Fraternité Saint-Pierre ont été expulsés sans explications. Pour les fidèles, cette situation est à la fois inexplicable et injuste. La Fraternité Saint-Pierre est un institut sacerdotal fondé en 1988 et dont les statuts ont été approuvés par le Pape François en 2022. Ces deux prêtres en sont membres.  

+

tradition Finistère
EgliseLiturgie

La Pause liturgique : Alléluia « Dóminus in Sina » (Ascension)

Grégorien | « Alléluia ! Le Seigneur, du Sinaï vient dans son sanctuaire, il monte vers les hauteurs ; il conduit ceux qu'il a libérés de la captivité. » (Psaume 67, 18-19) L'alléluia "Dóminus in Sina" de l'Ascension, utilise une des mélodies types les plus fréquentes dans le répertoire grégorien. Empruntée au 8e mode, le mode de la plénitude, elle se revêt pourtant d'une exquise douceur qui transparaît partout. Deux longues phrases constituent le corps de cet alléluia au jubilus plutôt bref, mais très expressif, à lui seul, de l'atmosphère spirituelle de toute la pièce.

+

alleluia
A la uneEgliseLectures

Face à l’absurde, une philosophie du mystère

Carte blanche d'Yves Chiron | Le père Luc Artur, moine du Barroux, après une maîtrise de lettres classiques et une maîtrise en théologie, a consacré son mémoire de maîtrise en philosophie au mystère et à l’absurde. Il en a tiré, avec des ajouts, un livre très clair, fruit d’une vaste recherche et d’une réflexion qu’il sait faire partager à ses lecteurs.

+

absurde et mystère
ChroniquesEgliseSpiritualité

Ayons un abandon confiant et total dans l’unique Bon Pasteur

Commentaire du Pape | Lors de la récitation du Regina caeli du 21 avril dernier, le Pape a commenté l’épisode évangélique bien connu du Bon Pasteur, lu la semaine auparavant dans la forme extraordinaire. Cette image du Bon Pasteur est très biblique. L’Ancien Testament peint, à plusieurs reprises, les traits caractéristiques du bon et du mauvais pasteur.

+

bon berger bon pasteur