L’Église face au socialisme (II)

Publié le 25 Avr 2024
socialisme

Au nom d’un égalitarisme fictif, le socialisme encadre les esprits pour éviter toute émergence de réactions ou nouvelles doctrines.

Dans la série de ses études synthétiques sur les idéologies modernes, Carlos Sacheri aborde le socialisme (cf. L’Église face au socialisme I) et le jugement de l’Église sur cette réaction aux injustices sociales nées du libéralisme économique. Il présente ici les points communs à toutes les idéologies socialistes. Paru dans la Lettre Reconstruire n°35 (avril 2024).

 

La conception socialiste de l’homme

Le socialisme désavoue avec véhémence l’individualisme libéral en définissant l’homme comme un citoyen, c’est-à-dire comme un membre de la société. L’individu n’a aucune autonomie, aucune responsabilité, aucun droit qui ne lui soit attribué par l’État. Cette fausse image de l’homme trouve son origine dans le pessimisme socialiste, opposé à l’optimisme libéral. Alors que ce dernier conçoit l’individu comme essentiellement bon et juste, le socialisme considère l’homme comme essentiellement égoïste, irresponsable et injuste. Il doit donc réduire le plus possible le champ de sa liberté et de son initiative, car il abusera inévitablement des autres. Le seul moyen possible et efficace contre une telle tendance est d’attribuer à la société en général, ou à l’État en particulier, la pleine mesure de la responsabilité et de la décision. Il est intéressant de noter que ce pessimisme profond est associé à une théorie utopique, selon laquelle le socialiste conçoit la société future comme un espace de liberté absolue, sans dépendance ni autorité.  

La conception socialiste de l’économie

Une telle doctrine est bien résumée dans la définition d’André Philip : « Le socialisme est l’action des travailleurs pour établir, à travers leurs organisations, une gestion collective de la vie économique et une socialisation des entreprises monopolistiques, afin d’accélérer le progrès technique, d’assurer une juste répartition des produits, et d’associer les travailleurs aux responsabilités et aux décisions essentielles de la vie économique et sociale ». En se méfiant de l’individu, le socialisme transfère à la « société », entité anonyme et collective, le pouvoir de décision qui sera en fait exercé par un « soviet » ou groupe restreint, non responsable, au nom des travailleurs. En abolissant la propriété personnelle, les libertés politiques ne sont…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

La Rédaction de Reconstruire

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéÉducation

Gabrielle Cluzel réhabilite la maternité face aux nouveaux diktats

Entretien | Dans Yes kids, Gabrielle Cluzel prend le contre-pied des discours dominants en défendant une maternité assumée, vécue, revendiquée. Mère de sept enfants, elle mêle témoignage personnel et critique sociale pour dénoncer l’effacement des mères dans l’espace public et la défiance croissante envers la natalité. À l’heure où avoir des enfants semble devenu suspect, elle redonne voix à celles qu’on préfère faire taire.

+

maternité yes kids
ÉgliseSociété

Padre au combat : au cœur de la mission, avec les soldats

Initiatives chrétiennes | Ancien aumônier militaire auprès des chasseurs alpins, des parachutistes et des légionnaires, le père Yannick Lallemand a accompagné les soldats jusqu’au cœur de l’épreuve, notamment lors du drame du Drakkar, à Beyrouth, en 1983. Retour sur une vie au service des âmes, à la croisée du courage militaire et de l’espérance chrétienne.

+

padre aumônier militaire
Société

Entretien vidéo : Les Habits neufs du terrorisme intellectuel

Entretien vidéo | Alors que viennent de paraître Les Habits neufs du terrorisme intellectuel, comment ne pas saisir cette occasion pour creuser un peu plus ce qu'est cette forme de terrorisme, ses racines, ses méthodes et les moyens d'y résister ? Pour ce faire, nous avons dialogué avec Jean Sévillia et avec Mathieu Bock-Côté, préfacier du livre.

+

bock-côté terrorisme intellectuel sévillia
SociétéPhilosophie

Peut-on penser l’universel à partir d’un fait divers ?

C'est logique ! de François-Marie Portes | Le meurtre tragique de Crépol a suscité une onde de choc nationale, des réactions politiques en cascade et des lectures contradictoires. Derrière l’émotion légitime, la raison s’interroge : peut-on déduire des décisions politiques valides à partir d’un fait singulier ? En revisitant le concept d’induction, quelques réflexions sur la manière dont un événement devient argument, et sur les limites de l’universel forgé à chaud.

+

Peut-on penser l’universel à partir d’un fait divers ? crépol