Vivre en amitié avec Dieu est un autre nom de l’état de grâce. Mais comment reconnaître celui-ci ? Si certains signes peuvent être de bons indicateurs, c’est la Vierge Marie qui pourrait bien donner la solution, ainsi que le montra par exemple saint François de Sales.
Les fidèles viennent aisément quémander auprès du Seigneur les « coups de pouce » nécessaires pour affronter une épreuve ou pour réussir une mission. Ils ont raison de solliciter ces aides ponctuelles qu’on appelle les grâces actuelles. Mais se soucient-ils suffisamment de cette sorte de grâce plus essentielle : la grâce sanctifiante ? Il s’agit de cette disposition stable et surnaturelle, de ce don habituel, qui nous permet de vivre avec Dieu et d’agir par son amour. Ceux qui vivent de la grâce sanctifiante sont établis dans ce qu’on appelle « l’état de grâce ».
État de grâce
Curieusement, l’expression « état de grâce » est passée dans le vocabulaire sécularisé. Lorsque quelqu’un est dans une forme éblouissante, quand un sportif réalise une performance extraordinaire, si un décideur réussit tout ce qu’il entreprend ou si un politique bénéficie de l’aura des sondages, on dit qu’ils sont en « état de grâce ». Il est resté de l’usage religieux du mot une certaine notion d’aisance et de surplomb, mais le mystère a disparu. Qui oserait dire qu’il est spirituellement dans une forme olympique ? Cette présomption ne lui fera-t-il pas perdre aussitôt la grâce que Dieu n’accorde qu’aux humbles ? Autant un état de grâce profane se reconnaît aisément à ses accents de triomphe, autant, religieusement parlant, nul ne peut savoir de science certaine s’il est ou non hic et nunc en état de grâce. D’ailleurs, comme l’écrit le psalmiste : « Qui connaît ses péchés ? Purifie-moi, Seigneur, de ceux qui m’échappent ! » (Psaume 19, 13). Il ne nous appartient pas de prendre à tout moment notre pouls spirituel, ou de nous livrer à je ne sais quelle introspection de notre âme pour juger péremptoirement de l’excellence de notre état. Nous sommes de très mauvais juges de nous-mêmes, comme l’écrit l’Apôtre : « ma conscience ne me reproche rien, mais je n’en suis pas justifié pour autant, mon Juge, c’est le Seigneur » (1 Co 4, 4). Le saint ne cherche pas la sainteté, il cherche Dieu, le seul Saint. Il a moins souci de son état spirituel que de la gloire de Dieu. S’il…