Alors que nos parlementaires s’apprêtent à voter le diabolique projet sur la fin de vie, entérinant du même coup euthanasie et suicide assisté, ceux-ci feraient bien de relire le message qu’a adressé le Pape au Symposium de Toronto sur les soins palliatifs et daté du 26 avril dernier. Le thème choisi est tout à la fois actuel et essentiel : « Vers un récit d’espérance ». Étant donné la crise profonde de civilisation que nous connaissons avec la perte du sens du péché conséquence de la perte du sens de Dieu, l’espérance est sans doute la plus malmenée et la plus oubliée des vertus.
À la suite de Péguy, le Pape se fait chantre de petite sœur espérance. Et il invite tous les chrétiens à accompagner tous ceux qui souffrent ou sont tentés par le désespoir, qui peut aller hélas jusqu’au suicide que l’on veut maintenant légaliser. Pour le Pape et à raison, l’espérance « nous donne de la force face aux questions soulevées par les défis, les difficultés et les angoisses de la vie. » C’est dans ce contexte que le Pape aborde le problème tragique de la fin de la vie.
Pie XII est le premier pape moderne à avoir abordé cette question au plan moral, dans une allocution à des médecins, le 24 février 1957. Il y traitait surtout de la question des analgésiques. Les papes qui lui ont succédé ont tous repris sa ligne. Jean-Paul II en particulier a parlé de cette question au n.65 de son encyclique Evangelium vitae. Il y écrivait :
« Dans la médecine moderne, ce qu’on appelle les “soins palliatifs” prend une particulière importance ; ces soins sont destinés à rendre la souffrance plus supportable dans la phase finale de la maladie et à rendre possible en même temps pour le patient un accompagnement humain approprié. Dans ce cadre se situe, entre autres, le problème de la licéité du recours aux divers types d’analgésiques et de sédatifs pour soulager la douleur du malade, lorsque leur usage comporte le risque d’abréger sa vie.
De fait, si l’on peut juger digne d’éloge la personne qui accepte volontairement de souffrir en renonçant à des interventions anti-douleur pour garder toute sa lucidité et, si elle est croyante, pour participer de manière consciente à la Passion du Seigneur, un tel comportement “héroïque” ne peut être considéré comme un devoir pour tous. Pie XII avait déjà déclaré qu’il est licite de supprimer la douleur au moyen de narcotiques, même avec pour effet d’amoindrir la conscience et d’abréger la vie s’il n’existe pas d’autres moyens, et si, dans les circonstances données, cela n’empêche pas l’accomplissement d’autres devoirs religieux et moraux. »
Pour le pape François, dans la ligne de ses prédécesseurs, les soins palliatifs, tout en cherchant à alléger autant que possible le fardeau de la douleur, sont avant tout un signe concret et réaliste de proximité et de solidarité avec ceux qui s’approchent de la fin de leur vie terrestre. En aucun cas, et le Pape est très net, ils ne peuvent s’assimiler à l’euthanasie, dont ils sont radicalement différents.
Alors, pourquoi veut-on à tout prix nous faire croire le contraire ? Tout simplement parce que toute une intelligentsia nous présente l’euthanasie et le suicide assisté comme une compassion charitable. C’est bien mal comprendre le mot compassion qui signifie souffrir avec et non tuer. « Souffrir avec » veut dire porter le fardeau avec celui qui souffre, comme le demande expressément saint Paul.
En ce sens, les soins palliatifs sont bien une compassion, car ils répondent à la souffrance et affirment en même temps la dignité fondamentale et inviolable de toute personne humaine créée à l’image de Dieu, rachetée par le Christ, sanctifiée par l’Esprit Saint et appelée à la vie éternelle. L’euthanasie ne soulage pas, mais tue.
Demandons à Notre-Dame de Vie d’éclairer nos parlementaires. Continuons à espérer envers et contre tout.
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