Notre quinzaine : Pour retrouver notre liberté intérieure…

Publié le 26 Juin 2018
Notre quinzaine : Pour retrouver notre liberté intérieure… L'Homme Nouveau

La chasse est ouverte…

En France, les dernières semaines ont notamment été occupées par la traque aux « fausses nouvelles » que le jargon en cours s’évertue à nous imposer sous le terme de « fake news ». Avec la « Loi de fiabilité et de confiance de l’information », le ministère de la Culture a donc travaillé à la mise en place d’une nouvelle législation qui vise essentiellement les canaux de diffusion, principalement l’univers numérique, considéré aujourd’hui comme trop incontrôlable.

Il ne s’agit évidemment pas ici de prendre la défense de cette forme de chasse, d’un nouveau type, qui ressemble par bien des aspects à un nouvel épisode de l’extension du territoire de ce que l’écrivain britannique George Orwell a baptisé du nom de « Big Brother » dans son roman 1984. La liberté étant en jeu, on en profitera plutôt pour relire l’importante encyclique de Léon XIII, Libertas Praestantissimum, qui rappelle ce qu’est exactement la liberté ainsi que les limites qu’elle rencontre, évitant de tomber dans les écueils jumeaux du refuge dans la servitude ou dans l’absolutisation de la liberté.?1

Politique familiale et baisse de l’avortement

Heureusement, il n’y a pas que les fausses nouvelles ! En sens inverse, par exemple, la Hongrie affiche aujourd’hui un bilan particulièrement positif dans le domaine de la politique familiale. Intervenant le 21 mai dernier, à Rome, dans le cadre d’une réunion organisée par l’Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille, la jeune secrétaire d’État à la famille de Hongrie a pu ainsi évoquer les résultats obtenus par son pays : « Le nombre des mariages est passé de 35 520 en 2010 à 50 600 en 2017. Le nombre de divorces a baissé, de 23 873 en 2010, à 18 600 en 2017. Le soutien de l’État aux familles a fait baisser le nombre d’avortements de plus d’un tiers : de 40 449 en 2010 à 28 500 en 2017. »2

Hasard ? Pas du tout ! La loi fondamentale de ce pays accorde, en effet, une importance particulière à la famille et au mariage naturel entre un homme et une femme. Tout logiquement, l’État appuie une politique démographique qui repose sur tout un arsenal, allant des allocations familiales à l’aide aux frais de garde à domicile des enfants en passant par un programme de logements familiaux qui inclut notamment l’aide à l’accession à la propriété. Symbolique et révélateur : depuis 2014, les affaires familiales sont séparées des affaires sociales. Avoir une famille, mettre au monde des enfants, ne rime plus mentalement avec pauvreté.

Face à l’asservissement

Quelles leçons en tirer ? Malgré plus de quarante ans de communisme et deux décennies de libéralisme, cet exemple témoigne des vertus de la politique, qui, conforme à la loi naturelle et dans la perspective du bien commun, crée les conditions d’une vie sociale normale, notamment en replaçant la famille à la base de la société. Mais au préalable, il faut bien convenir que la Hongrie est parvenue à se libérer des formes modernes de la servitude.

Et la France ? Un tel chemin doit être emprunté en toute urgence, afin de rendre possible, spirituellement et intellectuellement, ce qui doit se traduire un jour politiquement.

Intellectuel allemand, d’origine sud-coréenne, Byung-Chul Han en donne clairement les raisons en faisant ressortir que le climat de liberté dans lequel nous baignons, et auquel nous adhérons spontanément, ainsi que le conformisme qu’il génère, finissent par nous asservir de manière beaucoup plus efficace que le totalitarisme de grand-papa : « À la place d’une autorité manifeste, une autorité “anonyme” règne. Elle revêt la forme du sens commun, de la science, de la santé psychique, de la normalité. »3 Cette analyse rejoint, d’ailleurs, sous d’autres mots et dans un autre contexte, celles d’Augustin Cochin auquel nous consacrons le dossier de ce numéro. Ce dernier avait analysé les moyens mis en œuvre pour conduire à une nouvelle socialisation au moment de la Révolution française. Nous sommes confrontés aujourd’hui à une nouvelle normalité.

Heureusement, le christianisme nous offre les armes pour rompre avec cette servitude en mettant nos pas dans ceux de Celui qui est la Voie, la Vérité et la Vie. Plus que jamais être chrétien revient à être (vraiment) libre. Deo gratias !

1. Disponible sur le site du Vatican.

2. Cité par le blog d’Yves Daoudal.

3. Byung-Chul Han, Psychopolitique. Le néolibéralisme et les nouvelles techniques de pouvoir, p. 25, Circé, 120?p., 15 e.

Philippe Maxence

Philippe Maxence

Ce contenu pourrait vous intéresser

A la uneÉditorialChrétiens dans le monde

Le Vietnam catholique après Diên Biên Phu (2/3) : Une réappropriation progressive du clergé vietnamien

Dossier « Le Vietnam catholique après Diên Biên Phu » 2/3 | Comment les soubresauts de la décolonisation ont-ils affecté l’Église du Vietnam ? Désireuse de maintenir une distinction essentielle entre colonisation et mission et de faire émerger de véritables communautés catholiques locales, Rome avait en fait pris soin très tôt de former et d’émanciper un clergé indigène pour remplacer les missionnaires occidentaux.

+

vietnam clergé
A la uneSociétéBioéthiqueDoctrine sociale

La dimension « politique » de la défense de la loi naturelle

L’avalanche de lois « sociétales » en France depuis plus d’un demi-siècle, toutes étant des atteintes directes à la loi naturelle, a provoqué dans une partie du monde catholique une délégitimation diffuse ou expresse des institutions politiques les ayant édictées, cela au sein du déferlement individualiste de l’après-68 et de cette sorte d’explosion en plein vol de l’Église en état de Concile. Le « mariage » homosexuel et la constitutionnalisation de l’avortement ont porté chez ces mêmes catholiques le climat à l’incandescence. D’où la question : que faire ?

+

loi naturelle
A la uneÉditorial

Notre quinzaine : Vertu de piété ou nostalgie ? 

On a beaucoup reproché à nos compatriotes de se complaire dans la commémoration des défaites de la France. Dans le souvenir de Diên Biên Phu, il ne s’agit pas tant d’entretenir aujourd’hui la nostalgie d’une époque révolue que de se placer dans la perspective de la vertu de piété naturelle dont on rappellera ici en passant qu’elle est annexe à la vertu de justice et qu’elle nous permet de rendre imparfaitement ce que nous devons à nos parents et à notre pays. Le devoir de piété relève des premiers principes de la loi naturelle et trouve une expression synthétisée dans le quatrième commandement du Décalogue.

+

Diên Biên Phu piété naturelle
ÉditorialDoctrine socialeLettre Reconstruire

Subsidiarité et bien commun

Édito de la Lettre Reconstruire n°35 | Ce nouveau numéro de Reconstruire continue, à travers la rubrique « Questions de principe », à aborder l’enseignement pontifical à propos de la subsidiarité. Formulé scientifiquement par Pie XI, mais déjà présent chez Léon XIII, le principe de subsidiarité n’a cessé de prendre une place grandissante dans le corpus social catholique. Au point, comme nous le soulignons dans ce même numéro, d’être introduit indirectement dans le nouveau Code de droit canonique (1983) et donc dans la vie de l’Église elle-même.

+

subsidiarité bien commun
Éditorial

Notre quinzaine : Quand on n’a que l’amour

Éditorial du Père Danziec | Notre monde est-il plus violent qu’autrefois ? Prenons garde de répondre trop vite par l’affirmative. Le refrain qui consiste à dire, en tout et nécessairement, « c’était mieux avant » mériterait certainement nuance et contextualisation. Face aux déchaînements de violence propres à l’atmosphère postchrétienne, il s’agit – plus que jamais – de devenir lumière dans les ténèbres. Comment cela ? En prenant la résolution vigoureuse d’accueillir en nous l’amour de Dieu.

+

amour