C’est en septembre 1958, quelques jours avant sa mort et jour même de l’ordination épiscopale de Mgr Wojtyla, que le pape Pie XII instituait la journée mondiale pour la surdité. Comme toujours, à l’instar de saint Paul, le Pape commence par remercier et rendre grâces à Dieu pour tous les bienfaits déjà obtenus. Il encourage alors tous ceux qui combattent un handicap, qui exclut bien souvent ceux qui en sont atteints de la société à laquelle ils appartiennent et qui pourtant devrait les aider à l’exemple de Notre Seigneur. Toute personne créée à l’image de Dieu doit être respectée. Pie XII avait voulu encourager tous ceux qui croyaient en l’unité de la famille humaine, de laquelle personne ne doit être exclue, car nous cheminons tous ensemble vers la vie éternelle et nous sommes tous fils du même Père céleste.
Il est indéniable que la science médicale a fait de gros progrès depuis 60 ans, mais les principes éthiques énoncés par Pie XII tout au long de son pontificat valent toujours : la médecine est faite pour l’homme et non l’homme pour la médecine. La bataille pour la vie est un chemin constellé d’épreuves et de sacrifices, le Pape vient de le rappeler en appelant les médecins avorteurs « des tueurs à gages ». La surdité est une épreuve qui pousserait celui qui en est atteint à se croire exclu et donc à vivre dans une solitude égoïste et non rédemptrice. Au contraire, le sourd comme tous les malades doit se sentir épaulé. C’est le grand mystère de la communion des saints que le Pape énonce ici d’une manière pratique et expérimentale. Les sourds restant des personnes sont invités à faire partie intégrante de la famille humaine. Jamais ils ne devraient se sentir déstabilisés, ni à plus forte raison rejetés.
Le Pape rappelle ensuite qu’une vraie association n’est pas la somme numérique de plusieurs individus, mais un regroupement d’êtres humains en vue de défendre certaines valeurs et de transmettre aux générations à venir cette volonté de défendre le plus faible, en l’accompagnant et en le soutenant dans son épreuve. D’où la nécessité pour une association chrétienne de défendre les valeurs non seulement humaines, mais chrétiennes. De telles associations sont, elles aussi, appelées à la sainteté, ce qui implique que leur marque prédominante, à l’exemple de Marie, soit la joie. Nous sommes tous appelés à lutter ensemble, à nous sanctifier ensemble et à être joyeux ensemble. Cela n’est pas du tout dans la mentalité contemporaine si individualiste et où règne le chacun pour soi. Nous devons donc lutter pour abattre toutes les barrières qui empêchent la conventualité. C’est vrai pour la famille humaine et la société, c’est vrai aussi pour l’Église. Le baptême nous fait enfant de Dieu et membre de l’Église. Il nous appelle à l’évangélisation du monde. Or souvent les personnes à handicap sont tentées par la révolte. Nous devons les aider à accueillir le mystère de la Croix, ce qui quelquefois se fera par le silence, seul capable de rejoindre vraiment la souffrance d’autrui. Soyons des exemples pour stimuler les personnes à handicap à supporter le fardeau du « terrible quotidien », selon la très belle expression de Pie XI.
La pastorale de la santé doit être incluante et non excluante et toucher toutes les composantes de la société, y compris la famille si menacée de nos jours. Que tous ceux qui sont au service des personnes à handicap se souviennent que toutes leurs œuvres charitables doivent se faire en esprit de service, car « servir c’est régner », à l’exemple de l’humble servante du Seigneur que fut Marie.