À Paris, le service funéraire empêche les prêtres de célébrer sereinement les obsèques.

Publié le 30 Mar 2020
À Paris, le service funéraire empêche les prêtres de célébrer sereinement les obsèques. L'Homme Nouveau

Le 19 mars, le Père Michel Viot, qui célébrait un enterrement sans messe, s’est vu opposer le refus, de la part des pompes funèbres, de porter le cercueil dans l’église, selon l’habitude. Le lendemain, le quotidien Le Parisien a publié une vidéo sur ces obsèques, tournée sur place. À sa grande surprise, le Père Viot a découvert que celle-ci était biaisée et ne témoignait pas de la réalité de ce qui s’était passé.

Que s’est-il passé avec le Service funéraire de la ville de Paris ?

Lors d’une cérémonie d’enterrement le 19 mars, le Service funéraire de la Ville de Paris (SFVP) a refusé de porter le cercueil dans l’église selon la pratique habituelle. Informée elle-même, la famille nous avait avertis de cette nouvelle mesure.

Nous avons donc demandé aux employés sur place de mettre un chariot à roulettes à notre disposition afin d’emmener le cercueil nous-mêmes à l’intérieur. À notre grande surprise, ils nous ont affirmé en être dépourvus. Heureusement, proches du du cimetière du Père Lachaise, nous avons pu emprunter un chariot à une société de pompes funèbres amie.

Mais nous n’étions pas au bout de nos surprises. Quand nous avons voulu accéder au corbillard, nous avons essuyé un refus de la part des employés du service funéraire de la ville de Paris. Après avoir contacté leur hiérarchie, ils ont finalement accepté d’en ouvrir le coffre pour nous laisser prendre le cercueil, sans apporter leur aide. Seul le chauffeur a eu pitié de nous.

La décision de ces employés fait suite à une note de service qui déclare : « Plus aucune cérémonie d’obsèques ne sera assurée, ni dans les lieux de culte, ni dans les crématoriums, ni dans les cimetières, ni dans les chambres funéraires ».

Vous dénoncez également le reportage biaisé effectué par Le Parisien. Pourquoi ?

Un grand mystère entoure ce reportage. Deux journalistes étaient présents, pour Le Parisien et l’AFP. Celui de l’AFP a effectué l’essentiel du tournage. Dans une des vidéos diffusées, a été gardé le moment où je me plains d’être seul pour m’occuper des bougies. Dérisoire dans ces circonstances. Ils ont coupé la phrase dans laquelle je faisais remarquer qu’il n’y avait pas plus de risques à entrer dans une église qu’à aller faire ses courses au supermarché puisque nous demandons aux personnes présentes de ne pas se déplacer (je citais en exemple les bougies que j’allume moi-même pour limiter les déplacements). Un conseiller funéraire prononce un petit mot dans le reportage du Parisien pour expliquer qu’il ne faut pas prier devant un corps mort, mais il n’y a jamais de cercueil ouvert qui entre dans une église catholique. Le reportage montre des raccourcis idiots sur la solitude et la tristesse des obsèques. Je constate pourtant que les familles comprennent que les enterrements doivent avoir lieu en comité réduit. En revanche, elles ne comprennent pas que l’on refuse de transporter le cercueil dans les églises.

Au titre de la pastorale des funérailles, vous célébrez beaucoup d’enterrements à Paris. Quels sont les principaux changements advenus depuis l’épidémie ?

Le principal changement réside dans l’absence de messe. Il serait possible d’expliquer aux fidèles que, pour qu’une messe soit valide, il suffit que le prêtre communie et donc ne pas proposer la communion pendant les messes d’enterrement, mais ce n’est pas l’option choisie par le diocèse. Les fidèles ne se déplacent plus pendant la cérémonie. Plutôt que la chapelle du cimetière, un peu petite, les obsèques se déroulent à la basilique Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, beaucoup plus grande. Il n’y a plus d’aspersion du corps avec l’eau bénite par les fidèles. Je dois préciser que jusqu’ici je n’ai enterré aucun mort du coronavirus. Mais à partir du moment où le cercueil est conforme aux normes gouvernementales, que le défunt soit mort de la peste ou du coronavirus, il doit pouvoir entrer dans l’église. Il faut que les prêtres et évêques insistent sur ce point. Par ailleurs, en cette période de confinement, la terreur d’une partie des paroissiens âgés est de mourir sans prêtre.

J’ajoute qu’à mon sens, il faudrait que tous les prêtres (ma demande est également valable pour les médecins) soient tous testés, donnant ou non des signes de maladie.

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSpiritualité

Le pari gagnant de Sacré Cœur

Sorti le 1er octobre, le film Sacré Cœur a su transformer la polémique en tremplin. Interdit d’affichage dans les réseaux de la RATP et de la SNCF pour « caractère prosélyte », le docu-fiction de Steven et Sabrina Gunnell s’impose comme un véritable phénomène au cinéma.

+

sacré cœur cinéma
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique | Agnus 12, Pater cuncta (Fêtes des saints)

Cet Agnus Dei est daté du XIᵉ siècle et ses sources manuscrites proviennent surtout d’Italie ou de France. Sa mélodie du 2ᵉ mode est assez expressive et certains de ses intervalles, assez importants lui donnent un caractère assez aérien. Les première et troisième invocations sont identiques, et la seconde est mélodiquement plus sobre et plus retenue.

+

grégorien croix introït offertoire agnus dei communion
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique | Sanctus 12, Pater cuncta (Fêtes des saints)

Le Sanctus XII est richement représenté au niveau des sources manuscrites puisqu’on en compte un peu plus d’une centaine. Daté du XIIIᵉ siècle, ce Sanctus est emprunté mélodiquement au 2ᵉ mode, et sa structure mineure lui confère un caractère méditatif assez remarquable. Il est expressif, tout en étant aussi très intérieur.

+

sanctus
ÉgliseLectures

Carte blanche : L’« épouvantail » Rampolla

Jean-Marc Ticchi, spécialiste de l’histoire de l’Église au tournant des XIXᵉ et XXᵉ siècles, offre la première biographie historique du cardinal Rampolla (1843-1913), secrétaire d’État de Léon XIII pendant plus de quinze ans, et qui a eu, dès son vivant, une mauvaise réputation dans certains milieux.

+

cardinal Mariano Rampolla