A quotidien n°121 : inquiétudes de l’épiscopat à propos du projet de loi séparatisme

Publié le 05 Jan 2021
A quotidien n°121 : inquiétudes de l’épiscopat à propos du projet de loi séparatisme L'Homme Nouveau

La Croix (5 janvier) rapporte les préventions de l’épiscopat français devant le projet de loi séparatisme. La logique de la loi de 1905 reste le cadre d’analyse des évêques français. Savent-ils qu’il existe une doctrine catholique des rapports entre le spirituel et le temporel ainsi qu’une doctrine sociale catholique ?

« Ce projet de loi me laisse bien embarrassé. » Les premiers mots de Mgr Éric de Moulins-Beaufort auditionné, lundi 4 janvier, à l’Assemblée nationale sur le projet de loi séparatisme ont d’emblée planté le décor, résumé une « impression d’ensemble » assure le président de la conférence épiscopale. La commission spéciale présidée par François de Rugy (La République en marche) est chargée d’examiner le projet de loi confortant le respect des principes de la République qui arrivera en débat en séance à la fin du mois. Les auditions ont commencé cette semaine par les représentants des cultes et c’est donc l’archevêque de Reims, accompagné de celui de Strasbourg, Mgr Luc Ravel, et du secrétaire de la conférence épiscopale, Mgr Hugues de Woillemont, qui a ouvert le bal. Mgr Éric de Moulins-Beaufort, qui avait rencontré dès le mois d’août 2019 le président de la République pour échanger sur la réforme, a assuré « comprendre » les enjeux de sécurité ou d’unité nationale. Mais pour répondre à ces préoccupations, le projet de loi prend selon lui deux risques importants.

Visant la menace que font peser des groupes islamistes sur le pays, la réforme pourrait réveiller des querelles sur la place des religions. « Au bout du compte on se trouve avec une loi qui risque de modifier l’équilibre général de la loi de 1905 et la manière dont nous avons, catholiques, protestants, orthodoxes, juifs trouvé à vivre dans notre pays de manière harmonieuse. »

L’archevêque s’interroge sur le fait que certaines mesures de contrôle, par exemple sur les financements étrangers, ne viseront que les associations cultuelles et pas d’autres domaines d’activité, notamment sportifs ou culturels. La réforme peut ainsi « donner l’impression que les religions en général et les croyants en particulier sont dans notre pays des gêneurs, des individus qu’il faudrait particulièrement surveiller ». L’autre « problème majeur », souligne Éric de Moulins-Beaufort, est que ce projet de loi « se présente essentiellement comme répressif ». Lors du discours qu’il prononça aux Mureaux (Yvelines) le 2 octobre, le président Macron avait tracé une voie d’équilibre, abordant les questions de l’intégration, de l’égalité des chances, de la lutte contre les discriminations. « La loi n’incarne qu’un des volets », regrette l’archevêque qui poursuit : « Ma principale proposition serait d’inscrire la loi dans un travail global qui réveille le désir d’appartenir à une communauté nationale. » (…) Le texte nourrit également quelques craintes : ainsi de la mesure qui introduit une procédure déclarative en préfecture du statut d’association cultuelle. L’Église s’inquiète des critères selon lesquels les représentants de l’État accorderont ou non cette reconnaissance. Idem de l’article qui étend le devoir de neutralité des fonctionnaires à tous les salariés d’entreprises délégataires d’un service public. Quel effet aura cette mesure sur les établissements privés sous contrat ? « On peut supposer que ça ne s’appliquera pas, mais ce n’est pas clair, on est très attentif », prévient Mgr de Moulins-Beaufort.

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